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Vidéo Attentat de Manchester : "A chaque fois qu'on a pensé que quelqu'un agissait seul, on a trouvé un réseau"

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Article rédigé par franceinfo
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Invité de franceinfo mercredi, Abdelasiem El Difraoui, spécialiste du jihadisme, estime que le terroriste de l'attentat de Manchester a probablement été appuyé par un réseau.

L'attentat de Manchester revendiqué par Daech, qui a fait 22 morts et une soixantaine de blessés lundi soir, a sans doute été préparé en amont et en groupe, selon le politologue Abdelasiem El Difraoui, spécialiste du jihadisme, mercredi 24 mai sur franceinfo. "Chaque fois qu'on pensait que quelqu'un agissait vraiment seul, on a toujours trouvé un réseau autour." Abdelasiem El Difraoui appelle également à la vigilance : "Il ne faut jamais oublier qu'il y a encore les autres groupuscules jihadistes, qui sont relativement puissants et qui sont une menace."

franceinfo : L'attaque de Manchester était-elle pensée, structurée ou ressemble-t-elle davantage à un acte isolé ?

Abdelasiem El Difraoui : C'est peut-être un peu trop tôt pour le dire, mais la Première ministre britannique a laissé entendre que, peut-être, il s'agissait d'un groupe. Ce n'est pas facile de fabriquer des explosifs tout seul, de commettre des actes d'une telle échelle, sans avoir un mini-réseau. Il faut un certain degré de soutien logistique. De toute façon, comme on l'a déjà souligné à plusieurs reprises, le soi-disant loup solitaire est quelque chose d'extrêmement rare, voire d'inexistant. Chaque fois qu'on pensait que quelqu'un agissait seul, on a toujours trouvé un réseau autour.

Ce réseau, vient-il forcément de Syrie ou d'Irak ou peut-il se développer de manière indépendante sur le territoire européen ?

Là, par exemple, il semble y avoir une connexion libyenne. Le jeune homme (Salman Abedi) semble avoir grandi en Libye, où l'État islamique est très actif. Mais ce qu'il faut toujours souligner, c'est que Londres, qui n'a pas été frappée par des attaques majeures depuis 2005, a toujours été, comme la Grande-Bretagne en général, un lieu de repli du jihadisme dans les années 2000. On appelait Londres "Londonisthan", parce qu'il y avait des réseaux jihadistes très actifs. Londres, après la guerre en Afghanistan contre les Soviets dans les années 90, avait accueilli des extrémistes de tous bords.

Où est la faille des pays européens face à cette menace ? Nos États gagnent pourtant du terrain en Syrie, l'État islamique semble affaibli... Pourquoi y a-t-il encore autant d'attaques virulentes en Europe ?

On suppose que l'État islamique, en repli actuellement en Syrie, va essayer de faire plus d'actions en Europe. Il y a des chercheurs qui craignent que le jihadisme continue pendant des années sur le sol européen. La cause vient de plusieurs facteurs : premièrement, de la continuation des conflits au Proche-Orient, mais aussi deuxièmement, d'une génération de jeunes émigrés ou fils d'émigrés qui sont exclus économiquement et ne se sentent pas appartenir à la société britannique, française ou allemande. On peut supposer, si Daech est vraiment battu, que les attaques vont faiblir en Europe, mais on peut aussi supposer que les autres organisations prendront la relève. Nous nous sommes concentrés sur Daech mais il ne faut jamais oublier qu'il y a encore les autres groupuscules jihadistes, qui sont relativement puissants et qui sont une menace. Par exemple : Al-Qaida au Yémen, Al-Qaida au Maghreb islamique. Il faut combattre les racines socio-économiques.

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