Palmyre, cité antique de Syrie et ville assiégée
Epargnée par le pouvoir jusqu'à début février, cette ville classée au patrimoine mondial de l'Unesco est désormais contrôlée par l'armée. Reportage au sein de cette cité où vivent 60 000 habitants, en grande partie agriculteurs.
Classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre suffoque. Située dans le centre de la Syrie, cette cité antique est assiégée par l'armée syrienne depuis début février. Ses habitants disent vivre dans la crainte des soldats du régime qui tirent sur"tout ce qui bouge" depuis le 4 février, date à laquelle l'armée s'y est déployée.
"Les soldats entourent Palmyre de tous les côtés : la citadelle arabe, les champs d'oliviers et de palmiers, le désert et la ville", affirme un habitant de Palmyre joint par téléphone. L'armée a installé son camp dans la citadelle médiévale qui surplombe les ruines romaines et la ville de 60 000 habitants, précise cet homme qui refuse d'être identifié, par peur de représailles.
Palmyre épargnée pendant dix mois
Ces ruines romaines monumentales était une destination touristique de choix avant que n'éclate en mars 2011 une révolte populaire sans précédent en Syrie. Cette oasis prisée des caravanes sur la route de la soie, durant l'Antiquité, est célèbre pour avoir vu naître la reine Zénobie, qui défia Rome au IIIe siècle.
La répression de la contestation par les forces du président Bachar al-Assad avait épargné Palmyre jusque là. "Il y avait une sorte d'accord tacite entre les habitants et les autorités : les forces de sécurité n'entreraient pas dans Palmyre tant que la ville se tiendrait tranquille", explique un résident.
Les habitants disent que tout a basculé le jour où le général sunnite chargé de la sécurité dans la région a été remplacé, le régime de Bachar al-Assad lui ayant préféré un membre de sa communauté, un alaouite.
"Il faudra attendre dix ans pour la récolte d'olives"
Des centaines de résidents ont fui Palmyre, ces derniers jours, effrayés par les informations qui circulent sur le décès de trois civils dans la région qui auraient été abattus par les forces du régime. "La majorité des jeunes hommes sont partis ou essayent de partir par peur d'être arrêté et incarcéré. Il n'y a que les personnes âgées et les fonctionnaires qui restent", dit un homme qui a réussi à s'enfuir dans un pays voisin.
Dans la ville, les communications ont été coupées dès le début du siège. Les forces de sécurité ont également installé des barrages à l'intérieur de Palmyre, interpellant les hommes de 20 à 40 ans, raconte un autre habitant qui s'est enfui. "Beaucoup de gens ont disparu, on ne sait pas s'ils sont emprisonnés ou morts". "Les femmes et les jeunes filles ont été exfiltrées vers des endroits sûrs", raconte un autre.
A Palmyre et dans sa région, une grande partie des revenus des habitants provient de la culture de la datte et de l'olivier. "Les champs près des ruines ont été les plus touchés. Les gens vont devoir replanter et attendre 10 ans avant de revoir une bonne saison", lance un homme qui a fui Palmyre quand les soldats et leurs chars ont détruit ses champs.
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