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Une quasi-unanimité a prévalu mardi au Parlement dans le débat sur l'intervention militaire en Libye

A l'exception du Parti communiste, l'ensemble de la classe politique a approuvé les opérations armées lancées samedi pour empêcher le colonel Mouammar Kadhafi d'attaquer sa population.L'opération militaire de la coalition peut stopper "à tout moment" si Kadhafi accepte une trêve, avait indiqué plus tôt Alain Juppé.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Alain Juppé devant l'Assemblée Nationale, le 22 mars 2011. (AFP - Bertrand Guay)

A l'exception du Parti communiste, l'ensemble de la classe politique a approuvé les opérations armées lancées samedi pour empêcher le colonel Mouammar Kadhafi d'attaquer sa population.

L'opération militaire de la coalition peut stopper "à tout moment" si Kadhafi accepte une trêve, avait indiqué plus tôt Alain Juppé.

A l'exception du Parti communiste, l'ensemble de la classe politique a approuvé les opérations armées lancées samedi pour empêcher le colonel Mouammar Kadhafi d'attaquer sa population.

Le Parti socialiste a toutefois mis en garde contre "un nouvel Irak", le Nouveau Centre a soulevé le risque de "bavure" contre les civils et les centristes du MoDem se sont inquiétés des critiques d'une partie de la communauté internationale contre cette opération, qui implique une dizaine de pays.

"La Libye ne doit pas devenir un nouvel Irak ou conduire au même envasement qu'en Afghanistan", a prévenu Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée.

Beaucoup plus virulent, le Parti communiste a fustigé une "intervention occidentale menée par des ex-pays colonisateurs".

Fillon et Juppé fixent le cadre de l'intervention

"L'intervention militaire peut s'arrêter à tout moment." Il suffit que le régime de Tripoli se conforme aux résolutions du Conseil de sécurité et "qu'il accepte un cessez-le-feu authentique", a déclaré le chef de la Diplomatie française à l'Assemblée nationale mardi.

Devant les députés, le Premier ministre François Fillon a justifié l'intervention armée en Libye où, a-t-il dit assuré, "le mur de la peur est tombé". "En tombant, il démontre qu'il n'y a pas de fatalité pour les populations de cette région à être enfermés dans un choix binaire entre pouvoir autoritaire et régime islamiste", a-t-il affirmé.

De son côté, le président Nicolas Sarkozy s'est rendu mardi matin sur la base corse de Solenzara, d'où partent les avions français engagés en Libye. Cette modification d'agenda a été expliquée par l'Elysée par le souci du président de "se concentrer sur le suivi de la situation en Libye".

Juppé pense déjà à la suite, et "la suite c'est la paix"
"L'intervention militaire peut s'arrêter à tout moment", a déclaré mardi Alain Juppé devant l'Assemblée Nationale. "Il suffit que le régime de Tripoli se mette en conformité exacte et complète avec les résolutions du Conseil de sécurité, qu'il accepte un cessez-le-feu authentique, qu'il retire ses troupes des endroits où elles ont pénétré".

Il faut aussi que "les forces de Kadhafi rentrent dans les casernes et l'opération militaire s'arrêtera", a souligné le chef de la Diplomatie française.

"Au-delà, il nous faut d'ores et déjà penser à la suite et la suite c'est la paix. La France a été à l'initiative dans l'organisation de l'intervention militaire, elle sera en initiative dans l'organisation de la paix. Le président de la République (Nicolas Sarkozy) s'exprimera dans les prochains jours dans cet esprit", a aussi annoncé le chef de la diplomatie.

"Pour nous, en toute hypothèse, il n'appartient pas à la coalition de décider de ce que sera le futur régime politique de la Libye. C'est aux Libyens eux-mêmes que cette responsabilité incombera. Notre intervention a uniquement comme objet de les mettre en situation de pouvoir s'exprimer librement et d'accéder à la transition démocratique qui leur a été refusée jusqu'à présent", a précisé Alain Juppé.

A propos de l'opposition libyenne, le ministre a affirmé qu'"il n'y avait pas aujourd'hui d'autre interlocuteur valable que le Conseil national de la transition". "Nous allons continuer de travailler avec eux et avec d'autres qui s'y joindront le cas échéant", a-t-il ajouté.

Fillon rappelle les objectifs de l'intervention de la coalition
"Nous ne conduisons pas une guerre contre la Libye, mais une opération de protection des populations civiles, une opération de recours légitime à la force", a redit le Premier ministre lors d'une déclaration au nom du gouvernement.

"Il s'agit de protéger la population libyenne, tout en excluant explicitement l'envoi d'une force d'occupation au sol", a-t-il ajouté, alors que des critiques sont apparues contre l'opération lancée samedi dernier par la coalition.

"En privant le régime de Kadhafi de sa supériorité militaire, nous voulons offrir au peuple libyen la possibilité de reprendre courage, de définir une stratégie politique", a-t-il expliqué, clamant qu'il ne revenait pas de se "substituer à lui".

Les armées françaises se tenaient prêtes
Ce même jour, le Premier ministre François Fillon a révélé à la tribune de l'Assemblée nationale que "des missions de reconnaissance de l'armée de l'Air française ont commencé "dès le 4 mars" au-dessus de la Libye, soit 15 jours avant le début de l'offensive alliée, "pour évaluer les capacités de défenses aériennes libyennes et surveiller la progression des forces de Kadhafi".

Le Charles de Gaulle au large des cotes libyennes
En marge des actes politiques, les opérations militaires se sont poursuivies sur le terrain. Les avions de chasse Rafale du porte-avions Charles de Gaulle, désormais opérationnel, ont conduit mardi une première mission au dessus de la Libye. Une patrouille de deux Rafale a effectué un "vol de reconnaissance" dans l'espace aérien libyen, a précisé le porte-parole de l'état-major des armées, le colonel Thierry Burkhard.

Les deux appareils ont décollé vers 8h00 du porte-avions positionné au large des côtes libyennes. Ils ont regagné le navire sans rencontrer de difficulté en milieu de journée, a-t-il précisé.

L'un des deux appareils était équipé d'un dispositif de surveillance Reco-NG, qui permet de transmettre en direct les images de la reconnaissance. Le second était configuré en version air-air pour assurer sa protection.

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