: Reportage "En quelques secondes, il faut trouver l'ennemi" : des marins de la frégate "Languedoc" racontent leurs missions en mer Rouge
"On a été envoyés au moment où la menace houthie émergeait". La frégate Languedoc a rejoint son port d'attache de Toulon le 11 mars dernier, au terme de sept mois et demi de mission en mer Rouge. Depuis novembre 2023, les Houthis, soutenus par l’Iran, multiplient les attaques contre la marine marchande en mer Rouge et dans le golfe d’Aden. Visant le commerce international, ces attaques spectaculaires, à coups de drones kamikazes notamment, se multiplient près du point de passage en face du Yémen, qui permet de rejoindre le stratégique canal de Suez.
Sur le pont d'envol pour hélicoptères, à la poupe du bâtiment, le "pacha", le capitaine de vaisseau Laurent Sounois, résume sa mission en quelques phrases. "La première étape dans ce type de mission, c'est l'appréciation autonome de situation : être sur place pour voir ce qu'il se passe, et, ensuite, protéger le trafic commercial. À plusieurs reprises, il était menacé par des mobiles aériens hostiles de type drones ou missiles", décrypte le marin. Avant de préciser : "J'ai été amené à engager 'Aster' à plusieurs reprises. C'est un missile de défense sol-air qui est polyvalent et qui peut traiter les différents types de menaces auxquelles on est confrontés".
Une énorme explosion lors d'une d'interception en février
Dans la salle des opérations située sous la passerelle, une chambre aveugle mais bardée d'écrans de contrôle, les maîtres Maxime et Alexis en charge du tir de ces missiles d'interception "Aster" décrivent l'une de ces opérations le 21 février, peu après minuit. En face d'eux, une image infrarouge : "Il s'agit de la séquence complète du tir. Le drone est ce tout petit pixel noir. Vous allez voir dans quelques secondes l'interception", précise l'un des marins. Filmée à 15 km de distance en infrarouge, l'interception se traduit par une énorme explosion – le drone était probablement chargé d'une très forte charge d'explosifs.
La Languedoc a ainsi neutralisé quatre drones kamikazes explosifs. Sur la passerelle, le capitaine de vaisseau Laurent, le second du bâtiment, confirme : la mécanique d'engagement est bien huilée. "Ces engagements-là, c'est la concrétisation de longues journées passées en salle Opérations, derrière les écrans, à renseigner sur l'adversaire et la situation tactique... En quelques dizaines de secondes, il faut trouver l'ennemi, identifier quand il va se rapprocher et agir. On se rend compte à ce moment-là que les marins sont parfaitement entraînés, qu'on connaît notre matériel, que les réactions sont bonnes. Tout le monde fait son travail pour permettre de nous défendre, de défendre les bâtiments de commerce qu'on doit escorter".
Depuis décembre, les frégates françaises Languedoc,Alsace et Lorraine ont tiré en tout 22 missiles Aster – à un million d'euros pièce – pour intercepter les attaques des Houthis en mer Rouge.
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