Quatre personnes ont été tuées vendredi par balles lors de la dispersion d'une manifestation par la police à Aden
C'est ce que l'on a appris de source hospitalière.
Un peu plus tôt, une attaque à la grenade dans un rassemblement antigouvernemental a fait deux morts et 27 blessés à Taez (270 km au sud-ouest de Sanaa).
La grenade visait un rassemblement de milliers de personnes qui campaient, pour la 7e journée consécutive, sur un carrefour de Taez rebaptisé "Place de la liberté" pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh. Celles-ci entendent imiter les manifestants qui sont restés pendant deux semaines place Tahrir au Caire, jusqu'à la chute du président Hosni Moubarak.
Depuis mercredi, neuf personnes ont été tuées dans la dispersion de manifestations à Aden, selon un décompte de l'AFP.
Dans un communiqué, le Forum commun, coalition des partis d'opposition, a dénoncé le "massacre sanglant" commis à Aden et la "répression hystérique par les forces de sécurité des manifestations pacifiques". La coalition a réclamé "le limogeage immédiat des responsables politiques et de la sécurité impliqués dans ces crimes".
Les manifestations de jeudi
De violents heurts ont éclaté jeudi à Sanaa et Aden lors de protestations contre le régime faisant 3 morts et 19 blessés. A Aden, la capitale du Sud-Yémen, le nombre de morts dans cette ville en 48 heures est de cinq personnes, selon une source hospitalière vendredi.
Les manifestants réclament le départ du président Ali Abdallah Saleh au pouvoir depuis 32 ans dans ce pays pauvre et instable du sud de la péninsule arabique.
La contestation a repris à Aden en dépit du déploiement d'unités de l'armée au lendemain de violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre qui ont fait 2 morts et 20 blessés.
Dans la capitale Sanaa, la contestation estudiantine contre M. Saleh, quelque 2.000 manifestants ont été attaqués dès leur sortie du campus de l'Université par des partisans du parti présidentiel armés de gourdins et de pierres. "Le peuple réclame la chute du régime", répétaient d'une seule voix les étudiants, certains ripostant à coups de pierres à leurs attaquants.
Les affrontements se succèdent
En début de semaine, des heurts avaient déjà opposé à Sanaa des milliers de manifestants et des partisans du Congrès populaire général, le parti au pouvoir au Yémen.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty international a appelé le gouvernement yéménite à "freiner immédiatement ses forces de sécurité et arrêter l'usage excessif de la violence".
De son côté, Human Rights Watch a demandé aux autorités de ne pas employer les pistolets à impulsion électrique Taser pour disperser les manifestants.
L'opposition reprend langue avec le pouvoir
L'opposition parlementaire yéménite n'a plus organisé de manifestation depuis une marche qui avait rassemblé des dizaines de milliers de ses partisans le 3 février à Sanaa.
Elle a annoncé dimanche qu'elle acceptait de reprendre le dialogue avec le pouvoir, suspendu fin 2010, après les promesses de réformes annoncées par le chef de l'Etat.
M. Ali Abdallah Saleh avait annoncé le 2 février le gel des amendements constitutionnels lui permettant de briguer un nouveau mandat en 2013, et affirmé qu'il ne chercherait pas à ce que son fils lui succède.
Son parti a appelé dans un communiqué lundi à une réunion "avant la fin de la semaine" d'un comité des deux parties chapeautant le dialogue.
Il a souligné que le dialogue devait reprendre au plus vite dans le but de "de former un gouvernement d'union nationale qui superviserait le processus de réformes constitutionnelles et la tenue d'élections législatives dans une atmosphère de liberté et de transparence".
Un pays fragilisé par la situation sociale et politique
Le Yémen est miné par un chômage chronique et une pauvreté endémique. Les autorités ont multiplié ces dernières semaines les mesures sociales et économiques, dont une augmentation des salaires.
Le pouvoir est aussi confronté à un mouvement séparatiste dans le sud et à la menace d'Al-Qaïda, actif dans le pays.
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