Cet article date de plus de huit ans.

Qui est derrière l’attentat d’Ankara ?

La Turquie est en deuil. Au lendemain de l'attentat le plus meurtrier de son histoire, qui a fait au moins 95 morts samedi à Ankara dans une manifestation pour la paix pro-kurde à trois semaines des élections législatives anticipées, de nombreuses questions se posent. A commencer par qui sont les auteurs de ce massacre, qui n’a pas encore été revendiqué.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Environ 10.000 personnes ont manifesté samedi soir à Istanbul pour dénoncer la responsabilité du gouvernement dans le double attentat meurtrier qui a visé un rassemblement pour la paix de l'opposition à Ankara  © REUTERS/Osman Orsal)

Des milliers de personnes sont descendues dans la rue hier soir dans tout le pays pour dénoncer l’attentat le plus sanglant de l’histoire de la Turquie. Des manifestants qui réclament la paix mais qui dénoncent aussi la passivité, voire la complicité des autorités.  "Etat criminel, Erdogan assassin", ont-ils criés à l’adresse du président turc. Des manifestations qui malgré tout ont été pour la plupart dispersées dans le calme.

Ankara a décrété un deuil national de trois jours à la mémoire de victimes mais la tension demeure cependant et risque de perdurer jusqu’aux élections législatives du 1er novembre. D'ailleurs, le parti pro-kurde HDP annonce qu’au moins deux de ses candidats sont parmi les victimes de l’attentat. Quatre syndicats, ceux qui avaient organisé cette marche pour la paix,  ont appelé eux à une grève générale de deux jours dans tout le pays à partir de lundi.

Le HDP met en cause la responsabilité directe du gouvernement

Ce massacre n'a pas été - pour l'instant - revendiqué. Parmi les commanditaires possibles de l'attentat, le Premier ministre Ahmet Davutoglu a cité le groupe Etat islamique (EI), les nationalistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et un groupe révolutionnaire d'extrême gauche, le Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C).

Ce dimanche midi, les autorités ont repéré et peut-être identifié les deux kamikazes, mais leur identité n'a pas été révélé. Le premier serait un homme âgé de 25 à 30 ans, et l'autre probablement une femme. La presse s'attarde également sur la possibilité que le kamikaze soit le frère de l'attentat de Suruç, qui a fait 34 morts le 20 juillet. En tout cas, les enquêteurs sont certains les explosifs et le dispositif de mise à feu étaient les mêmes qu'à Suruç. Pour Ankara, ils feraient partie d'une filière remontant jusqu'à l'Etat Islamique. Pour l'opposition, ces kurdes égarés, qui étaient sous contrôle policier, seraient surtout manipulés et instrumentalisés par les services secrets turcs.

L’opposition, et surtout l’opposition pro-kurde, attribue la responsabilité de l’attaque à l’état turc. Le parti HDP, principal cible de l’attentat de samedi, a notamment relevé l’absence de policiers en nombre suffisant sur les lieux du rassemblement. Des policiers qui sont d’ailleurs accusés par certains d’avoir délibérément entravé le travail des secouristes dans les instants qui ont suivi les explosions.

Manifestante : "Personne n’a été contrôlé par la police". A Ankara, le reportage d’Alain Devalpo

Le bilan s'alourdit

Le bilan de ce double attentat commis samedi matin devant la gare principale d'Ankara fait au moins 95 morts et 246 blessés hospitalisés, dont 48 en soins intensifs, ont annoncé hier dans la soirée les autorités turques. Mais le bilan est vraisemblablement plus lourd encore.

Dimanche, l'Union turque des médecins disait avoir identifié 105 corps. Le HDP pro-kurde, à l'origine de la manifestation, en dénombre quant à lui déjà 128. Les premières victimes sont enterrées ce dimanche matin tandis que des milliers de personnes sont rassemblées en ce moment à Ankara, sur les lieux de l'attaque, en leur hommage. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.