Rafale : la France bénéficie d'un "contexte géopolitique particulier"
Il aura mis du temps à séduire, le Rafale. Des années qu'il était boudé, invendable même pour certains. Mais voilà le 3e contrat de ce fleuron de l'aviation militaire française signé. 24 appareils ont été vendus officiellement ce lundi au Qatar pour un montant de 6,3 milliards d'euros. Un succès qui vient couronner deux précédentes ventes à l'Egypte et l'Inde.
Comment expliquer ce succès tardif ? Le "déclic " est avant tout "géopolitique ", explique Jean Guisnel, spécialiste des questions militaires et de renseignement.. "La situation aujourd'hui se tend. L'Egypte est engagée dans des opérations contre la Libye, le Qatar est engagé contre Daech. Il y a aussi une réduction de la relation avec les Etats-Unis, qui n'ont pas été aussi ardents que l'auraient souhaité les pays du Golfe contre la Syrie ".
La France a "su se faire désirer"
Avant le Qatar, c'est l'Egypte et l'Inde qui avaient signé l'achat de Rafale à la France. Selon François Heisbourg de la Fondation pour la recherche stratégique, "on est arrivés à un assez bon moment. Deux pays avaient besoin de remplacer leur armée de l'air, deux pays qui avaient l'habitude de travailler avec la France. Et par ailleurs, on a su se faire désirer. Lorsque vous essayez constamment de dire 'Achetez-moi ceci', l'acheteur n'est peut-être pas très alléché. C'est ce qui s'est passé pendant la période Sarkozy. C'est comme ça qu'on est passé à côté de l'affaire au Brésil, où le président de la République avait annoncé l'affaire comme étant faite. Les Brésiliens l'avaient très mal pris ".
D'autres contrats pour bientôt ?
Dans ce contexte favorable, la France peut-elle espérer de nouveaux contrats ? Prudence, nous dit Jean Guisnel. "Dans l'interview que le PDG de Dassault a donné ce matin dans le Figaro, il reste extrêmement prudent sur d'éventuels contrats futurs. Il y en a un qui pourrait avancer assez vite, parce que les conditions sont un peu semblables à celles qui prévalent au Qatar, en Egypte et en Inde, c'est avec les Emirats. Pour les autres, le gouvernement et les industriels ne disent pas grand-chose, notamment pour la Malaisie, qui n'est pas cliente de l'aéronautique française militaire à ce jour. Ce sont des contrats extrêmement difficiles à négocier et cela prendra du temps ".
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