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Républicains et Démocrates ont adopté in extremis mardi le plan prévoyant le relèvement du plafond de la dette

Le spectre d'une "faillite" des Etats-Unis était brandi depuis des semaines. S'ils n'étaient pas parvenus à , les conséquences auraient été fatales pour le pays selon certains experts.Pour d"autres en revanche, ce n"est qu"une affaire politique avant la présidentielle de 2012. Alors accord économique providentiel ou "jeu" politique ?
Article rédigé par Florencia Valdés Andino
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le principal enjeu du débat sur la dette serait la réélection de Barack Obama, selon des experts. (JEWEL SAMAD / AFP)

Le spectre d'une "faillite" des Etats-Unis était brandi depuis des semaines. S'ils n'étaient pas parvenus à , les conséquences auraient été fatales pour le pays selon certains experts.

Pour d"autres en revanche, ce n"est qu"une affaire politique avant la présidentielle de 2012. Alors accord économique providentiel ou "jeu" politique ?

Une partie des observateurs penchent pour la première thèse. Le porte-parole de la Maison Blanche, John A. Boehner, a ainsi affirmé que cet accord permettait de prévenir un déficit qui "tuerait les emplois".

Pour l"économiste Robert Reich "le plus gros obstacle à la prospérité n'est pas le déficit budgétaire mais le manque de croissance et d'emplois". Le taux de chômage reste en effet élevé, à 9,2% et la croissance a ralenti cette année, le PIB n'ayant progressé que de 1,3% au deuxième trimestre.

Selon Gene Sperling, conseiller économique très influent, qui a défendu le relèvement du plafond de la dette sur la chaîne MSNBC, le plan adopté par le Congrès protège l"accord de prêts aux étudiants et les dépenses médicales. Mais en même temps, il rappelle que trouver cet accord a permis au gouvernement de ne plus être retenu en otage par les Républicains.

Les conséquences économiques iraient donc de paire avec les conséquences politiques.

C'est aussi la position des médias. Pour les journalistes politiques du New York Times, le débat sur la dette présentait des enjeux capitaux pour la présidentielle car tous les politiques ont été appelés à se positionner sur un sujet très épineux.

Si les deux parties n"étaient pas parvenues à un accord, un système automatique se serait mis en place pour faire des coupes budgétaires visant notamment le budget de la défense. Or faire des coupes dans ce budget en pleine guerre est politiquement suicidaire d"après le Washington Post.

La présidence d'Obama en jeu

"Ce débat n"a rien à voir avec le plafond de la dette", a estimé Mickey Edwards, un ancien congressiste républicain qui dirige un programme pour devenir leader en politique à l"Institut Aspen. “Toute cette histoire est liée aux élections de 2012 et les deux parties ont pris leur positions aussi clairement qu"ils l"ont pu."

Le stratégiste de Barack Obama, David Axelrod est du même avis : "La crise de la dette a aidé à cristalliser le débat. Les citoyens auront des choix très différents sans aucun doute".

Des vétérans de Washington comme William A. Galston, ancien conseiller de Bill Clinton, vont encore plus loin, estimant que c"est la présidence d'Obama qui se joue. " S"il veut changer la donne, il va devoir avancer des arguments. S"il choisit de le faire ou s"il est capable de le faire, je ne le sais pas. Sa présidence est en danger, et j"espère que son entourage a la volonté de le lui dire en toute franchise", a ajouté Galston dans une interview pour le Washington Post.

Paul Krugman, blogueur pour le New York Times et lauréat du prix Nobel, est encore plus radical : "Avec l"information que nous possédons, cet accord est un désastre et non seulement pour le président Obama et son parti. L"accord va endommager une économie qui est déjà en plein déclin ; il va probablement rendre le problème du déficit américain encore plus grave. […] Ceux qui demandent en ce moment des coupes budgétaires sont comme des médecins médiévaux qui traitaient les malades en les saignant, ceci faisant, ils les rendaient encore plus malades".

Les agences de notation pas rassurées

Républicains et Démocrates sortent de ce long débat épuisés et affaiblis. Quoi qu'il en soit, l"absence de consensus aurait eu des conséquences néfastes pour l"économie américaine et mondiale par effet domino. Les investisseurs sont loin d"être rassurés, les bourses jouent au yo-yo et l"abaissement de la note des Etats-Unis plane encore sur la Maison Blanche.

Le Chicago Tribune regrette que le plan n'aille pas assez loin dans les réductions budgétaires, craignant qu'il ne soit pas suffisant pour "permettre aux Etats-Unis de conserver la note attachée à leur dette publique", actuellement la plus meilleure possible (AAA).

De fait, "les coupes estimées à 2.400 milliards de dollars proposées sur les dix prochaines années sont inférieures au niveau de 4.000 milliards fixé par certaines agences de notation comme nécessaire pour éviter (...) ", observent les analystes de Brown Brothers Harriman.

En plus, "il n'y aura pas de baisse de dépenses au cours des deux prochaines années, ce qui amène à se demander si elles se produiront vraiment", a estimé Peter Morici, professeur d'économie à l'université du Maryland.

Les négociations sont loin d"être finies et la campagne présidentielle ne fait que commencer. Le deuxième round est programmé dans les mois à venir et se cristallisera, de nouveau, autour des questions économiques.

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