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Édith Bouvier et William Daniels racontent leur calvaire

Les deux journalistes, rentrés en France vendredi soir, décrivent dans "Le Figaro" les neuf jours qu'ils ont passés à Homs, sous une pluie d'obus.

Article rédigé par franceinfo
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La journaliste Edith Bouvier à son arrivée à l'aéroport militaire de Villacoublay, le 2 mars 2012. (JACQUES DEMARTHON / AFP PHOTO)

Le Figaro parle d'"un récit digne d'un roman d'aventures". Mais l'enfer qu'ont vécu Édith Bouvier et William Daniels en Syrie est bien réel. Rapatriés en France vendredi 2 mars, les journalistes racontent samedi dans les colonnes du Figaro les neufs jours qu'ils ont passés à Homs, bastion de la rébellion syrienne, sous une véritable pluie d'obus.

Entrés clandestinement le 21 février dans le quartier de Baba Amr, encerclé par l'armée syrienne, ils retrouvent sur place plusieurs reporters de guerre, parmi lesquels le photographe français Rémi Ochlik et la journaliste américaine Marie Colvin. "Le lendemain, comme tous les jours, les salves d'artillerie commencent à s'abattre sur le quartier. Mais cette fois, les roquettes de 122 mm, les terribles Katioucha tirées par l'armée syrienne, tombent très, très près de la maison", rapporte Le Figaro. "Il y a eu au moins cinq explosions successives, très proches. On avait vraiment l'impression que nous étions directement visés", racontent Édith Bouvier et William Daniels.

Rémi Ochlik et Marie Colvin tués sous leurs yeux

Pressés par les insurgés de quitter les lieux, les journalistes se précipitent à l'extérieur de l'immeuble. "Marie Colvin et Rémi Ochlik sont les premiers à sortir dans la petite rue. Un jeune Syrien, qui avait entendu le départ d'une nouvelle roquette, retient à la dernière minute Édith et William sur le seuil de la pièce (...). Marie Colvin et Rémi Ochlik se trouvent pratiquement sur le point d'impact. Ils sont tués sur le coup." William Daniels est sauf, Édith Bouvier est grièvement blessée à la jambe.

Des médecins parviennent à former un hôpital de fortune, examinent la journaliste, et diagnostiquent une fracture du fémur. Elle doit être évacuée au plus vite. "Le dernier lien du quartier avec l'extérieur est une canalisation longue de trois kilomètres, (...) mais la blessure d'Édith rend impossible de la faire passer par ce boyau, auquel on accède par une échelle dans un trou d'homme." 

Alors qu'ils tentent de fuir, des ambulanciers syriens promettent de les aider. "Ils nous ont dit, on revient vous chercher dans vingt minutes. On ne les a jamais revus. Ils avaient en revanche parfaitement localisé où on était. Le soir même, les obus sont tombés juste à côté de notre immeuble", racontent Édith Bouvier et William Daniels.

Quatre jours pour parcourir 40 kilomètres et rejoindre la frontière libanaise

Le dimanche, face à l'assaut imminent de l'armée syrienne, les insurgés décident d'évacuer tous les blessés. La journaliste française est emmenée sur une civière dans le fameux tunnel, où règne le chaos. Les brancardiers la déposent : "L'un d'eux m'a posé sa kalachnikov sur moi. Et m'a mis la main sur le front en récitant une prière. J'étais assez peu rassurée. Et il est parti". Un motard parvient à l'installer sur son engin, et l'évacuer vers un hôpital où des médecins décident de l'opérer. 

"Lorsqu'elle se réveille au petit matin, les rebelles syriens lui proposent de tenter le tout pour le tout. Il reste une solution, la plus risquée, mais c'est la dernière chance : sortir de Homs par un véhicule, le long d'un itinéraire secret." Édith Bouvier et William Daniels acceptent. "On sentait qu'on était à bout, psychologiquement et physiquement, et qu'il fallait qu'on sorte." Ils vont alors mettre quatre jours pour parcourir 40 kilomètres et atteindre le Liban. Ils finissent par l'atteindre jeudi à la nuit tombée. A peine la frontière franchie, Édith appelle ses parents : "Je ne leur ai pas dit où j'étais. Juste que j'étais saine et sauve."

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