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"Agression" ou "réponse appropriée" ? Les réactions internationales à la frappe américaine en Syrie

Plus de 60 missiles de croisière de type Tomahawk ont été tirés depuis l'est de la Méditerranée, dans la nuit de jeudi, contre une base militaire du régime de Bachar Al-Assad.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Photographie fournie par la marine américaine sur la frappe américaine contre la base militaire syrienne de Shayrat, jeudi 7 avril 2017. (FORD WILLIAMS / US NAVY)

Les Etats-Unis ont tiré une soixantaine de missiles sur la base aérienne de Shayrat, près de Homs (Syrie), dans la nuit du jeudi 6 au vendredi 7 avril. Une frappe menée après l'attaque chimique du régime syrien qui a fait au moins 86 morts à Khan Cheikhoun.

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Présentée comme une "clarification" des Etats-Unis et une "condamnation" du régime de Bachar Al-Assad, selon le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, cette opération militaire a été vivement condamnée par le président russe, Vladimir Poutine. Frappe justifiée pour les uns, "agression" pour les autres, franceinfo fait le point sur les différentes réactions internationales.

Ceux qui condamnent la frappe

• La Russie. Principal allié de la Syrie, le président russe, Vladimir Poutine, a estimé que la frappe américaine constituait "une infraction au droit international" et qu'elle pénalisait gravement les relations entre les Etats-Unis et la Russie, rapportent les agences de presse russes, citant le Kremlin.

Le président russe considère cette initiative des Etats-Unis comme "une agression contre une nation souveraine" en se servant "d'un prétexte fallacieux", a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin. Pour Moscou, cette initiative militaire américaine vise à détourner l'attention de la communauté internationale de la situation à MossoulLa Russie a par ailleurs annoncé la suspension de l'accord avec Washington sur la prévention des incidents aériens en Syrie et demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.

• L'Iran. L'Iran, allié du régime de Bachar Al-Assad, a condamné "vigoureusement" les frappes américaines. "Nous condamnons toute action unilatérale et l'attaque (...) contre la base aérienne de Shayrat", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, cité par l'agence Fars. Cette attaque ne fera qu'"aider les groupes terroristes, qui sont en déclin, et compliquer encore la situation en Syrie et dans la région".

Le régime syrien. La télévision d'Etat syrienne a qualifié d'"agression" la frappe américaine. "Cette agression américaine vient après la campagne médiatique de dénigrement menée par des pays (...) après ce qu'il s'est passé à Khan Cheikhoun", a indiqué l'agence officielle Sana.

Ceux qui soutiennent la frappe

Le Royaume-Uni. Le gouvernement britannique a assuré "soutenir pleinement" l'opération militaire et précise que la frappe est "une réponse appropriée à l'attaque barbare à l'arme chimique perpétrée par le régime syrien" dans la ville de Khan Cheikhoun. Le secrétaire d'Etat à la Défense, Michael Fallon, a confié à la BBC (en anglais) que le gouvernement britannique avait été averti de la frappe. Il a précisé qu'elle avait été préparée pour éviter d'atteindre tout bâtiment russe.

Israël. "Israël soutient totalement la décision du président Trump et espère que ce message de détermination face aux agissements ignobles du régime de Bachar Al-Assad sera entendu non seulement à Damas, mais aussi à Téhéran, Pyongyang et ailleurs", selon un communiqué du Premier ministre, Benyamin Nétanyahou.

L'Arabie saoudite. Soutien des insurgés syriens, Ryad soutient "complètement" la frappe américaine. Un responsable du ministère des Affaires étrangères, cité par l'agence officielle saoudienne, a tenu le régime syrien pour "responsable de ces opérations militaires" à cause "de ses crimes odieux depuis des années contre le peuple syrien".

Le Japon. "Le gouvernement japonais soutient la détermination du gouvernement américain à ne jamais tolérer la prolifération d'armes chimiques", a déclaré à la presse le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, jugeant que l'action américaine avait "eu pour but d'éviter une aggravation de la situation".

La Turquie. Ankara considère la frappe américaine comme "positive", selon le vice-Premier ministre, Numan Kurtulmus, cité par l'agence progouvernementale Anadolu. "Le régime de Bachar Al-Assad doit être puni entièrement sur le plan international"a-t-il expliqué.

L'opposition syrienne. "La Coalition de l'opposition salue la frappe et appelle Washington à neutraliser la capacité du président syrien Bachar Al-Assad à mener des raids", a indiqué Ahmad Ramadan, un porte-parole de l'opposition syrienne. Ce dernier a appelé à la poursuite des bombardements.

Ceux qui soutiennent (mais qui appellent à une action de l'ONU)

La France. François Hollande a estimé vendredi lors d'une courte allocution que la "réponse" des Etats-Unis devait "maintenant être poursuivie au niveau international, dans le cadre des Nations unies si c'est possible""Je considère que cette opération était une réponse. Elle doit être maintenant poursuivie au niveau international dans le cadre des Nations unies."

Frappe américaine en Syrie : pour Hollande, "cette opération était une réponse" qui doit "être poursuivie au niveau international"
Frappe américaine en Syrie : pour Hollande, "cette opération était une réponse" qui doit "être poursuivie au niveau international" Frappe américaine en Syrie : pour Hollande, "cette opération était une réponse" qui doit "être poursuivie au niveau international" (FRANCEINFO)

"Les Américains ont donné un début de clarification, a estimé le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, sur franceinfo. Là, il y a un acte qui est une sorte de condamnation de ce que fait le régime, qui est un régime criminel, qui a tué plus de 300 000 personnes." 

Le président François Hollande s'est lui entretenu dans la matinée avec la chancelière allemande, Angela Merkel. Tous deux condamnent les actes criminels liés à l'utilisation d'armes chimiques et entendent poursuivre leur lutte "dans le cadre des Nations unies".

L'Allemagne. La frappe américaine est "compréhensible", a indiqué le chef de la diplomatie allemande, tout en appelant à une solution politique sous l'égide de l'ONU. "Il était à peine supportable de devoir regarder comment le Conseil de sécurité de l'ONU s'est montré incapable de réagir de manière claire à l'utilisation barbare d'armes chimiques. Que les Etats-Unis réagissent en attaquant les structures militaires du régime [de Bachar Al-Assad] qui a commis ce crime de guerre, est compréhensible", a jugé le ministre des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, dans un communiqué.

Ceux qui restent flous

La Chine. La Chine a appelé à "éviter toute nouvelle détérioration de la situation" en Syrie après la frappe américaine, tout en condamnant "l'usage d'armes chimiques, par n'importe quel pays, organisation, ou individu, et quelles que soient les circonstances", a affirmé la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. La Chine plaide pour "une enquête indépendante et complète" sur l'attaque chimique de Khan Cheikhoun. "Nous avons besoin de preuves irréfutables", a relevé la porte-parole.

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