Syrie : l'ONU accuse les deux camps de crimes de guerre à Alep
Les Nations unies évoquent "de graves violations des lois humanitaires internationales".
Toutes les parties syriennes engagées dans la bataille d'Alep, qui a abouti le 22 décembre 2016 à la reprise totale de la ville par le régime, ont commis des crimes de guerre, selon une enquête de l'ONU publiée mercredi 1er mars. En outre, l'organisation juge que l'accord d'évacuation final constitue un déplacement forcé de population.
L'enquête souligne également le rôle des forces alliées du régime dans cette bataille d'une "violence implacable", particulièrement celui de la Russie.
"Des frappes aériennes quotidiennes"
"Entre juillet et décembre 2016, les forces russes et syriennes ont conduit des frappes aériennes quotidiennes, faisant des centaines de morts et réduisant les hôpitaux, les écoles et les marchés en cendre", accuse le rapport. Il dénonce aussi l'usage par les forces syriennes d'armes interdites comme le chlore et les bombes à fragmentation.
La commission d'enquête accuse également, pour la première fois, le régime de Damas d'être responsable de l'attaque d'un convoi humanitaire transportant de l'aide de l'ONU et du Croissant-Rouge syrien le 19 septembre, à Orum al-Koubra, près d'Alep. L'attaque, qui avait tué 15 travailleurs humanitaires selon le rapport, avait suscité un tollé international et mis un terme aux tentatives d'accord entre Washington et Moscou pour un cessez-le-feu.
"Tous les rapports, images satellite, témoignages et expertises médico-légales sur le terrain (...) impliquent les forces syriennes", d'après l'enquête, qui estime que ces dernières ont "commis un crime de guerre". En décembre, une autre enquête de l'ONU avait conclu que le convoi avait bien été visé par une frappe aérienne, mais sans en désigner les responsables. Damas a toujours démenti son implication, tout comme la Russie.
Une "campagne de bombardements indiscriminés"
Le rapport de la commission accuse également de crimes de guerre les rebelles syriens, qui contrôlaient Alep-est et ont mené une "campagne de bombardements indiscriminés" sur la partie ouest de la ville, sous contrôle gouvernemental. Il cite notamment des tirs le 10 août contre un minibus d'étudiants, qui ont tué 13 personnes, ou une attaque le 6 octobre contre un marché, qui a fait 12 morts. En outre, le rapport accuse des groupes rebelles d'avoir empêché des civils de fuir Alep-est, parfois en les exécutant, et de les avoir utilisés comme boucliers humains.
Le rapport qualifie enfin de "crime de guerre" l'accord final d'évacuation d'Alep-est, conclu sous l'égide de la Russie, soutien du régime, et de la Turquie, alliée de l'insurrection. "Aucun civil n'avait l'option de rester", souligne le texte, assimilant l'accord à un "déplacement forcé de population".
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