La France débloque 50 millions d'euros pour la Syrie : "La première urgence, c'est l'éducation" pour éviter une génération "livrée à la radicalisation"
Le porte-parole de l'ONG Syria Charity, Mohammad Alolaiwy, a expliqué mardi sur franceinfo que la radicalisation fait courir "un grave danger dans les décennies à venir" à la Syrie.
Le "geste" de la France est "intéressant", a réagi le porte-parole de l'ONG Syria Charity, Mohammad Alolaiwy, sur franceinfo mardi 17 avril. Emmanuel Macron a annoncé la veille, lundi, à l'issue d'une réunion avec des ONG présentes sur le terrain en Syrie, un programme humanitaire d'urgence de 50 millions d'euros. "Nous pouvons utiliser cet argent dès l'instant où il est débloqué", a expliqué Mohammad Alolaiwy. Selon lui, "la première urgence, c'est l'éducation". Faute de quoi, toute une génération de Syriens "sera livrée à la radicalisation, à la haine" et "nous courons un grave danger dans les décennies à venir".
franceinfo : L'Élysée a engagé une procédure de retrait de la Légion d'honneur de Bachar Al-Assad. C'est un symbole fort ?
Mohammad Alolaiwy : Oui, c'est un symbole fort. Cette Légion d'honneur ne peut pas être portée par quelqu'un qui est responsable de tant de morts au niveau de la population civile de son propre pays.
Quelle est désormais la priorité sur le terrain, la première des urgences ?
La première urgence, c'est l'éducation. Nous avons une génération de plus de 800 000 orphelins qui ont vécu la guerre et les bombardements. Sans éducation, cette génération sera livrée à la radicalisation et à la haine. Elle sera revancharde. La priorité, c'est d'éduquer cette génération, sinon nous courons un grave danger dans les décennies à venir.
Emmanuel Macron a annoncé un programme humanitaire d'urgence de 50 millions d'euros. Cela peut-il vous aider concrètement sur le terrain ?
Oui, c'est un geste intéressant. Nous pouvons utiliser cet argent dès l'instant où il est débloqué. L'ONG Syria Charity a par exemple un programme de construction d'écoles, sept d'entre elles ont été financées par le footballeur Franck Ribéry. Mais on n'a pas besoin de sept écoles. On en a besoin de 7 000. C'est ça la réalité du terrain.
Les frappes menées en fin de semaine dernière par la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont-elles été efficaces, selon vous ?
Je ne sais pas si ces frappes ont été efficaces, je ne sais pas si elles sont conformes au droit international. Ce que je peux vous dire, en tant que franco-syrien, c'est que le massacre d'une partie de mon peuple depuis maintenant plus de sept ans, ce n'est conforme ni au droit national, ni au droit international. Sur le terrain, ces frappes n'ont rien changé pour l'instant, peut-être que c'est le cas au niveau du rapport de forces diplomatique, mais pour les Syriens elles n'ont rien changé.
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