Syrie : Hague, Clinton et Juppé accentuent la pression sur l'ONU
Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunit ce soir mais reste divisé sur la manière de mettre fin au bain de sang en Syrie.
L'opposition syrienne n'est pas la seule à appeler à la fin de la répression dans le pays. Les chefs de la diplomatie des Etats-Unis, de France et du Royaume-Uni ont exhorté mardi 31 janvier dans la soirée, lors d'une réunion, le Conseil de sécurité de l'ONU à sortir de dix mois d'inaction en Syrie en soutenant les efforts de réglement de la Ligue arabe.
L'Américaine Hillary Clinton, le Français Alain Juppé et le Britannique William Hague ont tour à tour réclamé que les 15 membres du Conseil adoptent une résolution et appelé à une transition démocratique à Damas.
En attendant, le sang des Syriens continue de couler. Au moins 22 morts mardi, une centaine de victimes la veille et quelque 400 tués depuis une semaine. Des civils abattus par l'armée qui soutient le régime de Bachar Al-Assad, mais aussi des militaires et des déserteurs tués dans des affrontements qui renforcent les craintes de voir le pays sombrer dans la guerre civile. Selon l'ONU, quelque 5 400 Syriens sont morts depuis le début de la révolte en mars 2011.
Que propose la résolution de l'ONU ?
Le projet de résolution des Nations unies demande au gouvernement syrien de "mettre fin immédiatement à toutes les violations des droits de l'homme et attaques contre ceux qui exercent leur droit à la liberté d'expression".
Il préconise une "transition politique" qui verrait le président Assad déléguer "toute son autorité à son vice-président, en vue de coopérer pleinement avec [un] gouvernement d'union nationale". Des élections "libres et transparentes" sont prévues sous supervision "arabe et internationale".
Le texte, qui reprend les grandes lignes du plan de la Ligue arabe, encourage aussi "tous les pays à adopter des mesures similaires" aux sanctions économiques inédites imposées par l'organisation panarabe à la Syrie en novembre dernier.
Il souligne en outre "la nécessité de résoudre la crise actuelle en Syrie de manière pacifique" : "rien dans cette résolution n'impose aux Etats de recourir à la force ou à la menace de l'usage de la force". Il condamne enfin "toute violence, d'où quelle vienne", c'est-à-dire du pouvoir syrien ou des groupes armés d'opposants.
Ces deux derniers points apparaissent comme des concessions faites à la Russie, à la Chine et à l'Inde, mais ils n'ont pas jusqu'à maintenant réussi à les amadouer.
Pourquoi la Russie s'y oppose-t-elle ?
Le vice-ministre des Affaires étrangères russe, Guennadi Gatilov, a estimé mardi que l'adoption de ce texte "ouvrirait la voie à une guerre civile" en Syrie. "Je ne pense pas que la politique russe consiste à demander aux gens de démissionner. Les changements de régime, ce n'est pas notre travail", a renchéri le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov. "C'est aux Syriens de décider eux-mêmes comment le pays doit être dirigé, sans aucune ingérence extérieure, a-t-il déclaré. Nous ne sommes pas un ami, nous ne sommes pas un allié du président Assad. Nous n'avons jamais dit que le maintien au pouvoir du président Assad était la solution à la crise."
Après avoir opposé son veto en octobre dernier à une précédente résolution occidentale, Moscou avait déposé son propre projet, rejeté par les Occidentaux. Le texte mettait sur le même plan la répression gouvernementale et les actions violentes des opposants.
La Russie exaspère les pays occidentaux en refusant de soutenir la résolution demandant le départ d'Assad. "On va essayer d'échapper au veto de Moscou", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui ne dit pas comment il compte y parvenir.
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