Syrie : l'UE tente de nouvelles sanctions
L'Union européenne a adopté un nouveau train de mesures contre la Syrie visant notamment la Banque centrale. Mais jusqu'ici, les effets des sanctions ont été limités.
Auront-elles un effet ? L'Union européenne vient d'adopter lundi 27 février un nouveau train de sanctions contre la Syrie. Elles ont pour but de restreindre un peu les voies de financement du régime de Bachar Al-Assad. Depuis le début de la répression en mars 2011, douze salves de sanctions ont été décidées, sans que leurs effets soient flagrants.
• Les nouvelles sanctions
Cette fois, il s'agit de toucher la Banque centrale syrienne. "Les mesures restrictives" adoptées par Bruxelles comprennent principalement un gel des biens de la Banque centrale en Europe et une interdiction du commerce de métaux précieux comme l'or.
Autre mesure, les vols de fret en provenance de la Syrie ont désormais interdiction de se poser sur le sol européen. Les vols passagers ne tombent pas sous le coup de l'embargo - comme il a été un temps envisagé - pour ne pas empêcher les ressortissants étrangers de quitter le pays.
Enfin, sept personnes vont être ajoutées à une liste de près de 150 personnes et organisations faisant l'objet d'interdictions de visa en Europe et de gels d'avoirs. Leurs noms seront publiés mardi. Les principaux membres du régime syrien figurent déjà sur cette liste.
• Les sanctions précédentes
Alors qu'une éventuelle intervention internationale est paralysée par le veto de Moscou et Pékin au Conseil de sécurité des Nations unies, l'Union européenne a déjà essayé de déstabiliser le régime syrien.
Le 2 septembre 2011, elle avait décrété un embargo sur le pétrole syrien. Quelque 95% du pétrole syrien était importé dans l'UE, représentant entre un quart et un tiers des recettes du pays et 75% des recettes d'exportation.
Il y a près d'un an déjà, en mai 2011, Bruxelles avait aussi lancé un embargo sur les exportations d'armes à destination de la Syrie et pouvant être utilisées contre la population.
• Des effets limités
Ces sanctions manquent d'efficacité, relève Georges Malbrunot, correspondant du Figaro dans la région. Citant un expert économique au Moyen-Orient, il explique que "le manque à gagner sur le pétrole n'est pas si énorme que ça". Le président syrien, Bachar Al-Assad, disposerait notamment d'importantes réserves financières lui permettant de tenir. Même si la situation économique s'est dégradée, Damas a "réactivé les circuits parallèles de vente de pétrole avec l'Irak et l'Iran, deux pays amis qui veulent apporter un ballon d'oxygène au président syrien".
Sur la question des ventes d'armes, l'ONU a déjà dû renoncer à décréter un embargo sous la pression des Russes et des Chinois, rappelle Le Figaro dans une autre analyse. Les Nations unies auraient pu donner une ampleur mondiale aux sanctions. Et si les Européens ont suspendu leurs exportations, les Syriens peuvent toujours aller voir l'allié russe. Moscou a augmenté ses ventes d'armes auprès de Damas l'an dernier. La Syrie a dépensé pour un milliard de dollars, selon des transfuges du régime. Le budget de la défense aurait doublé en 2011 pour faire face à l'insurrection.
Depuis le début de la contestation, les violences ont fait 7 600 morts, en grande majorité des civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
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