Syrie : les Kurdes s'inquiètent du retrait des Etats-Unis dans le nord du pays au profit de la Turquie
Cette décision de la Maison Blanche fait craindre le pire pour les combattants kurdes, alliés des Etats-Unis mais considérés comme des "terroristes" par Ankara.
Plus de huit ans après le début du conflit, est-on sur le point d'assister à un tournant majeur de la guerre en Syrie ? Les Etats-Unis ont en tout cas effectué dimanche 6 octobre au soir un spectaculaire revirement, en annonçant le retrait immédiat de leurs troupes dans le nord du pays afin de laisser le champ libre à la Turquie, qui se prépare à lancer une incursion militaire dans cette zone où de nombreux combattants kurdes sont présents.
"La Turquie va bientôt mettre en œuvre son opération prévue de longue date dans le nord de la Syrie", a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué. "Les forces américaines ne vont pas soutenir ou être impliquées dans l'opération et les forces américaines, qui ont vaincu le 'califat' territorial de l'Etat islamique, ne seront plus à proximité immédiate", a-t-elle encore prévenu.
BREAKING: In an extraordinary Sunday night statement, the White House announces that the US "will no longer be in the immediate area" of Northern Syria, allow Turkey to launch an invasion in the region and give Turkey responsibility for captured ISIS fighters in the area. pic.twitter.com/tUES5gsqtF
— MSNBC (@MSNBC) October 7, 2019
Washington n'a donné aucun détail sur cette opération turque, dont la portée reste incertaine. Seul élément établi : le souhait d'Ankara de créer une zone tampon entre la frontière turque et les zones syriennes contrôlées par les milices kurdes dans la région.
L'ONU "se prépare au pire"
Cette décision laisse en tout cas craindre le pire pour les combattants kurdes, alliés des Etats-Unis mais considérés comme des "terroristes" par la Turquie. Leur rôle a été crucial dans le succès militaire contre le groupe Etat islamique. Sur son compte Twitter, la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) s'est d'ailleurs élevée contre la décision américaine et la possible intervention militaire turque. Ces décisions risquent de "remettre en cause le succès obtenu contre l'EI", de faire de la Syrie "une zone de conflit permanent" et d'entraîner un "retour des chefs de l'EI", a-t-elle mis en garde.
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— Coordination & Military Ops Center - SDF (@cmoc_sdf) October 7, 2019
2. A long-term war in the region making #Syria a permanent conflict area. While the international community look for Syria political solution, the Syrian people suffer years of war and migration.@UN @DOTArabic @mutludc
Signe de la grande inquiétude provoquée par cette décision, l'ONU a déclaré lundi "se préparer au pire" à propos de l'offensive à venir.
Dans son communiqué, la Maison Blanche évoque également la possibilité de confier à la Turquie la responsabilité des combattants européens du groupe Etat islamique actuellement détenus en Syrie par les Kurdes. "Le gouvernement des Etats-Unis a pressé la France, l'Allemagne et d'autres pays européens, d'où viennent beaucoup des combattants de l'EI capturés, de les reprendre, mais ils ne veulent pas et refusent", déplore ainsi Washington. "La Turquie va maintenant être responsable pour tous les combattants de l'EI dans la zone, capturés dans les deux dernières années", a-t-elle ajouté.
La politique de la terre brûlée selon Trump qui abandonne les djihadistes étrangers à Erdogan. Ce dernier aura une nouvelle monnaie d’échange avec les Européens et pourra menacer de les relâcher s’il n’obtient pas satisfaction. https://t.co/G5xgoZzL1t
— Guillaume Perrier (@Aufildubosphore) October 7, 2019
Les Européens estiment que leurs ressortissants partis combattre dans les rangs de l'organisation terroriste et capturés par les combattants de la coalition arabo-kurde doivent rester détenus dans la zone. La France, l'un des principaux pays concernés, estime qu'ils doivent aussi y être jugés.
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