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Syrie : "Seule la pression de l'opinion publique peut faire bouger les Etats-Unis"

L'opposition syrienne accuse l'armée régulière d'avoir tué 1 300 personnes lors d'une attaque à l'arme chimique. Cet événement va-t-il entraîner une réplique de Washington ? L'analyse d'Antoine Basbous, spécialiste du monde arabe. 

Article rédigé par Clément Parrot - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Environ 200 personnes se sont réunies devant le siège des Nations unies, à New-York (Etats-Unis), mercredi 21 août, pour protester contre l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. (BILGIN S. SASMAZ / ANADOLU AGENCY / AFP)

En Syrie, l'opposition accuse le régime de Bachar Al-Assad d'avoir utilisé massivement des armes chimiques, mercredi 21 août. Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni en urgence, mais ses membres ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur la mise en place d'une enquête. Interrogé par francetv info, Antoine Basbous, politologue spécialiste du monde arabe et fondateur de l'Observatoire des pays arabes, fait le point sur la situation.

Francetv info : Le Conseil de sécurité n’a pas réussi à se mettre d'accord sur une enquête au sujet de l'utilisation d’armes chimiques. Ce blocage à l’ONU peut-il évoluer ?

Antoine Basbous : Ce blocage est le fruit du soutien aveugle de la Russie et de la Chine à Bachar Al-Assad, qui bloquent toute décision du Conseil de sécurité sur la Syrie grâce à leur droit de véto. Mais le vrai verrou, c’est Poutine. La Chine ne fait que suivre. Pour que la situation évolue, il faut donc convaincre Poutine ou lui forcer la main. Mais à mon avis, il ne cèdera pas. Avec l’Iran, il reste le meilleur parrain, allié et protecteur d’Al-Assad.

Une intervention sans l’autorisation de l’ONU est-elle envisageable ?

La France ne peut agir seule, rien ne peut se faire sans les Etats-Unis. La clé peut venir de la pression des opinions publiques. Tout dépend de l’émotion que pourraient susciter les images qui seront diffusées sur la barbarie du régime syrien et sur l’ampleur des victimes. Celles du bombardement du marché de Sarajevo et le massacre de Srebrenica, par exemple, ont pesé en 1995 dans l’intervention de l’Otan en ex-Yougoslavie. Si les images ont un impact médiatique considérable, si elles entraînent une accélération du débat politique, alors oui, une intervention est envisageable.

Mais Barack Obama ne veut pas s'engager dans un nouveau conflit... 

Effectivement, lors de ses campagnes électorales, Barack Obama a promis de se désengager des conflits hérités de l’ère de George W. Bush, l’Afghanistan et l’Irak. Il n’a certes pas envie de s’engager dans un nouveau conflit, mais il peut toujours agir sans envoyer de troupes au sol et sans s’engager dans un conflit de longue haleine. Bill Clinton l’avait fait en Afghanistan après les attaques d’ambassades américaines en Afrique [en août 1998]. 

Barack Obama peut ordonner le lancement d’une centaine de Tomahawk [missiles de longue portée] sur les centres vitaux du régime d’Al-Assad, des cibles répertoriées par la NSA [l'Agence de sécurité nationale américaine] dans une base de données. Cela permettrait de donner un coup d'arrêt à l'escalade de la violence. 

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