Syrie : l'Assemblée générale de l'ONU votera jeudi sur un projet de résolution
Ce vote interviendra quelques jours après le blocage d'un texte similaire au Conseil de sécurité. Mais il ne règle pas les dissensions au sein de la communauté internationale sur la question syrienne.
L'Assemblée générale de l'ONU doit se prononcer jeudi après-midi sur un projet de résolution qui condamne la répression en Syrie, quelques jours après le blocage d'un texte similaire au Conseil de sécurité, ont révélé mardi 14 février des diplomates. Le projet de texte exige du gouvernement syrien qu'il mette fin à ses attaques contre sa population, soutient les efforts de la Ligue arabe pour assurer une transition démocratique en Syrie et recommande la nomination d'un envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie.
Ce vote intervient à un moment délicat pour la communauté internationale. Alors que le Conseil de sécurité de l'ONU est incapable de se mettre d'accord sur une action collective, Damas a mené mardi son assaut le plus violent depuis des jours sur la ville rebelle de Homs.
Les puissances étrangères sont particulièrement divisées sur la proposition d'une force de paix en Syrie. Il s'agirait pour la Ligue arabe de "demander au Conseil de sécurité d'adopter une résolution pour la formation d'une force de maintien de la paix arabo-onusienne conjointe pour superviser l'application du cessez-le-feu". Mais la communauté internationale peine à se mettre d'accord.
• La France pour un envoi des casques bleus ?
Iront, iront pas ? Au lendemain de la mise en garde du ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui affirmait qu’une "intervention à caractère militaire extérieure" aggraverait la situation, la France a changé de cap mardi. L’envoi de casques bleus en Syrie fait désormais partie des "options" que Paris étudie avec ses partenaires de l'ONU, dans le cadre de la proposition par la Ligue arabe d'une mission conjointe ONU-pays arabes.
"Des casques bleus, pourquoi faire ? Pour appuyer une opération humanitaire ? Pour observer un cessez-le-feu ? Pour appuyer un processus de transition démocratique ? Tout cela doit être précisé à New York à partir d'aujourd'hui", a précisé mardi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères à l’ONU, Bernard Valero.
Début janvier, Nicolas Sarkozy avait appelé le président syrien Bachar Al-Assad à "quitter le pouvoir" et "laisser son peuple décider librement de son destin", estimant que ces "massacres" suscitaient "à juste titre l'écœurement et la révolte". Il était resté flou sur ses attentes envers la communauté internationale, qui "doit prendre ses responsabilités".
• La Russie et la Chine prêtes à défier Damas ?
Alliées de la Syrie, la Russie et la Chine bloquent pour l’instant toute résolution onusienne condamnant la répression en Syrie. A deux reprises, elles ont utilisé leur droit de veto au Conseil de sécurité. Elles devraient une fois encore s'opposer à un nouveau projet condamnant Damas devant l'Assemblée générale de l'ONU. Préparé par l'Arabie saoudite et le Qatar, le texte est très similaire à celui bloqué par leur double veto le 4 février.
Les positions de la Russie et de la Chine semblent toutefois évoluer, comme l'avance le site du Monde. Jusqu’ici hostile à une ingérence en Syrie, Moscou a fait savoir qu'il pourrait pencher en faveur de la proposition de la Ligue arabe de déployer une force conjointe avec l'ONU. Il réclame toutefois un cessez-le-feu préalable. Quant au Premier ministre chinois, Wen Jiabao, il a affirmé mardi ne protéger "aucune partie, y compris le gouvernement syrien". Pékin reste toutefois évasif, se disant prêt à "renforcer la communication avec toutes les parties en Syrie et avec la communauté internationale et à continuer à jouer un rôle constructif".
• Les Etats-Unis bloqués au stade des sanctions ?
Lundi, le président américain Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron "sont tombés d'accord sur la nécessité de se coordonner étroitement pour accroître la pression sur le régime", tandis que la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a jugé "déplorable que le régime ait intensifié la violence".
Derrière ces paroles, peu d’actions envisagées. Barack Obama et David Cameron ont évoqué "des initiatives supplémentaires à l'ONU et une coalition large et forte au sein du nouveau Groupe des amis de la Syrie", selon un porte-parole britannique qui mentionne aussi des "sanctions supplémentaires". La Maison Blanche a rejeté lundi l'idée d'une force de maintien de la paix en Syrie, prévenant qu’une telle mission débuterait seulement s'il y avait "une paix à maintenir. Malheureusement, nous savons qu'il n'y en a pas".
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