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Robert Maloubier, espion français et saboteur pour Churchill, est mort à 92 ans

Décoré en juin 2014 par la reine d'Angleterre à Paris, il a été distingué dans l'ordre de l'Empire britannique par Elizabeth II.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Robert Maloubier, espion français, saboteur de Churchill, premier nageur de combat français, à son domicile, à Houilles (Yvelines), le 5 janvier 2011. (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

Il a traversé le XXe siècle comme un aventurier. L'espion français Robert Maloubier, saboteur au service de Winston Churchill pendant la Seconde Guerre mondiale, est mort lundi 20 avril à l'âge de 92 ans.

Le père des nageurs de combat français a été décoré en juin 2014 par la reine d'Angleterre à Paris. Il a été distingué dans l'ordre de l'Empire britannique par Elizabeth II, à l'occasion de la visite d'Etat de la souveraine en France pour le 70e anniversaire du Débarquement. Il alors dit se souvenir d'elle, habillée en scout sur les ruines à Londres, en 1943 : "J'étais dans le quartier de Kensington. Il y avait eu des bombardements, et avec la famille royale et Winston Churchill, elle disait quelques mots de réconfort aux familles."

Parachuté en France à deux reprises

Robert, dit "Bob", Maloubier était l'un des derniers survivants de la section française du Special Operations Executive (SOE), créé par Winston Churchill en juillet 1940 pour saboter et désorganiser les armées allemandes dans l'Europe occupée.

Fils de bonne famille, né à Neuilly-sur-Seine le 2 février 1923, il s'engage dans le SOE à 19 ans. Il est recruté à Alger par les Britanniques alors qu'il cherche à gagner Londres. Parachuté en France à deux reprises, notamment dans le Limousin au lendemain du débarquement du 6 juin 1944, Bob Maloubier multiplie les sabotages mais se blesse deux fois. Sa plus belle opération : avoir fait couler un navire ravitailleur de sous-marins au Havre. "J'ai fourni l'explosif à un de mes gars, qui travaillait au port. Il l'a mis dans la soute. Le lendemain, on ne voyait plus que le drapeau du navire qui sortait de l'eau !", se félicitait-il, relève Le Monde.

Il quitte l'armée britannique avec le grade de capitaine et la prestigieuse décoration DSO (Distinguished Service Order), "reçue des mains de George VI", précise-t-il. Une décoration accordée seulement à une soixantaine de Français pendant la guerre. Bob Maloubier était l'un des derniers à pouvoir porter sur sa carte de visite les initiales DSO après son nom. "La guerre pour moi, c'était les plus belles années de ma vie, simplement parce que j'en suis sorti vivant", assurait-il.

Ecrivain depuis ses 63 ans

Après la guerre, il entre à 22 ans dans les services français pour dix ans. Au Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE, devenu Direction générale des services extérieurs, DGSE), Bob Maloubier participe à la création du service action, et fonde en 1952 avec Claude Riffaud l'unité des nageurs de combat.

Les deux hommes dessinent même leur montre de plongée. Blancpain, une maison suisse d'horlogerie réputée, sort en 1953 le premier modèle de la "Fifty Fathoms" (50 brasses, soit 91 mètres, la profondeur à laquelle elle doit encore fonctionner). Cette montre, devenue mythique, sera adoptée par les Navy Seals, les plongeurs de combat américains.

Depuis sa retraite, à 63 ans, il s'était lancé dans une carrière d'écrivain, racontant sa vie de saboteur et d'agent secret.

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