"Bloody Sunday" : un demi-siècle après, les habitants de Derry réclament toujours "que justice soit faite"
Une marche du souvenir dimanche 30 janvier à Derry, en Irlande du Nord, pour commémorer la mort de 13 civils abattus par l'armée britannique le 30 janvier 1972. Le gouvernement a présenté ses excuses mais les soldats incriminés n’ont pas été poursuivis en justice.
Les habitants de Derry (Irlande du Nord) applaudissent le départ du cortège. Au premier rang de cette marche en souvenir du massacre du "Bloody Sunday", des enfants avec chacun une rose blanche dans les mains. Derrière eux, les portraits des 13 victimes du 30 janvier 1972. De grandes photos floues en noir et blanc. Christian porte l’image de Joe Young, une épaisse tignasse noire, abattu ce jour-là : "Nous sommes très fiers de marcher ici aujourd’hui. C’est primordial de garder en mémoire ce que le gouvernement britannique nous a fait ce jour-là."
"Nous marchons dans les pas des victimes, nos frères, nos pères. Nous réclamons toujours que justice soit faite."
Christian, habitant de Derry
à franceinfo
Les manifestants suivent exactement le même parcours qu’il y a 50 ans. Ils descendent du haut de la ville pour finir dans le quartier du Bogside où les militaires britanniques ont tiré et tué. Sur le trajet, on aperçoit les fortifications de la belle petite cité et les fresques murales qui décorent les maisons et racontent le passé sanglant.
Glenn arpente ces rues qu’il connaît par cœur. Celles que son père descendaient il y a un demi siècle, avant d’être abattu dans le dos : "C’est épouvantable de voir ce que l’on doit faire pour essayer d’obtenir une forme de justice de la part du gouvernement britannique."
"On pourrait s’attendre à ce que le système secoue la justice pour qu’elle agisse mais elle n’existe pas en Irlande [du nord] quand on parle des militaires britanniques."
Glennà franceinfo
Le gouvernement britannique a présenté des excuses en 2010 mais jamais les soldats incriminés n’ont été poursuivis en justice. Pour certains, c’est le combat à mener désormais. L’oncle de John a été tué lors de ce "Bloody Sunday". Cinq décennies à porter ce deuil et le mépris des autorités : "Tout le monde a été touché de près ou de loin par une tragédie ici. Cette marche ravive les souvenirs. Nous venons de loin depuis les premières mobilisations. Et il nous reste encore un long chemin. Regardez autour de vous, regardez ce quartier, ces maisons, on dirait un bidonville."
Les noms des victimes sont égrenés sur un air de flûte dans un silence lourd. Le ciel hésite entre soleil et pluie comme la foule qui ne sait plus si elle doit sourire de cette marche digne et belle ou pleurer sur cette tragédie et l’injustice qui perdure.
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