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Grande-Bretagne : les dons de sperme capotent

La banque nationale du sperme annonce, avec embarras, ne compter que neuf donneurs dans ses rangs. L'occasion de se pencher sur l'approvisionnement en gamètes et le système des cliniques britanniques.
Article rédigé par Frédérique Harrus
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Spermatozoïde, gamète mâle.  (APA / SCIENCE PHOTO LIBRARY)

Pauvre Grande-Bretagne qui avoue neuf malheureux donneurs à la Banque nationale du sperme. Voilà qui fait bien rire le franchouillard qui sommeille (à peine) en chacun de nous. Mais à quoi serait dû ce manque de générosité et d’empathie ?
 
A la levée de l’anonymat des donneurs ?
A vouloir préserver les droits de l’enfant et éviter les effets délétères du secret des origines sur la santé psychologique des enfants issus de ces dons, les autorités ont décidé en 2005, de lever l'anonymat sur le don de gamètes. La crainte de voir débouler une progéniture désirant connaître son géniteur en aurait donc découragé plus d’un. 
Dans la réalité, la levée de l’anonymat du donneur aurait en fait juste sélectionné les candidats passant de l’étudiant faisant ça sur un coup de tête et sans notion de lendemain, à des hommes plus âgés ayant mûrement réfléchit leur acte.
 
Pas assez payé ?
Le don de sperme a beau être rétribué, ce n’est pas la somme de 35 livres sterlings (presque 48€), qui va motiver les troupes.
 
Trop contraignant ?
Le candidat doit produire un sperme de haute qualité, capable de résister à un cycle congélation-décongélation. Et qui accepte, une fois sélectionné, de s’astreindre à venir 2 fois par semaines pendant 3 mois en respectant la consigne de s’abstenir de tout rapport sexuel dans les deux jours qui précèdent le prélèvement, de quoi en refroidir plus d'un.
 
Un bon coup de pub de madame Witjens ?
En réalité, aucune de ces raisons n’est la bonne.
Afin de faire face à l’augmentation de la demande de gamètes (cellules reproductrices matures) du fait de l’accroissement des mariages homosexuels, du recul de l’âge de la procréation ou des grossesses de personnes célibataires, les autorités britanniques ont décidé de créer la Banque nationale du sperme.

Pourvue d’une dotation étonnamment peu élevée pour un organisme officiel, de 77.000 £ (104.800 €), cette banque a vu le jour en août 2014, à Birmingham. Sa difficulté à trouver des donneurs réside essentiellement dans le fait qu’elle est face à près de 300 organismes publics ou privés, affiliés à l’Association de Fertilité et d’Embryologie Humaine (HFEA), plus les non affiliés, qui collectent et commercialisent eux-mêmes la semence dont ils ont besoin. Dans un système où l’obtention de gamètes n’est pas gratuite, mais au contraire tout à fait lucrative, la lutte est âpre.

Mais là où sa directrice, Laura Witjens, a réussi son coup de pub, c’est en annonçant une campagne de sensibilisation et de recrutement à venir. Elle pense motiver les donneurs éventuels en titillant leur mâle attitude. Cette campagne a, de toute évidence déjà commencé, la preuve nous sommes en train de vous en parler ... 

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