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L'antisémitisme «reste inscrit dans l'ADN» du FN, selon un nationaliste anglais

La présidente du Front national a dénoncé le 22 avril les «propos diffamatoires» du leader du parti nationaliste britannique Ukip, Nigel Farage, qui estime que «l’antisémitisme (…) reste inscrit dans l’ADN» du FN. Pour cette raison, il refuse de faire alliance avec le mouvement d’extrême droite français.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Le leader du parti nationaliste britannique Ukip, Nigel Farage, à Londres le 23 janvier 2014. (Suzanne Plunkett - Reuters)

Il est incontestable que Marine Le Pen «a conduit son parti vers de nouveaux sommets et a accompli des choses remarquables» en France, a expliqué le dirigeant du Ukip (United Kingdom Independent Party), selon des propos rapportés par la BBC. Mais Nigel Farage ne veut en aucun cas rejoindre l’alliance formée par le Front national et le Parti pour la Liberté (PVV) néerlandais.

Dans la mesure où «l’antisémitisme (…) reste inscrit dans l’ADN» du FN, «nous ne conclurons pas d’accord» avec lui, a-t-il déclaré dans le Telegraph, cité par le Guardian Cela ne changera pas. C’est une question de principe», .
 
Marine Le Pen n’a pas franchement apprécié. «Diffamer votre voisin en essayant de vous faire paraître plus blanc que blanc, n’est pas convenable», a rétorqué Marine Le Pen dans le Guardian. Le leader de l’Ukip «agit de cette manière uniquement pour des raisons électorales», a-t-elle ajouté. Coup de pied de l’âne: pour la parlementaire française, il n'est pas en situation de dénigrer d'autres personnes. «On reproche souvent (à Nigel Farage) (…) le comportement et les commentaires d'un certain nombre de ses camarades de parti», explique-t-elle dans une interview au Sunday Times (cité par le Guardian). En l’occurrence, le fondateur de l’Ukip, Alan Sked, a estimé que Farage était «une personnalité sans éclat, un raciste et un alcoolique,». Ce dernier aurait notamment eu des propos déplacés à l’égard des Noirs, ce qu’il dément formellement. Ambiance…

Nigel Farage, le leader du parti nationaliste britannique Ukip (à gauche), et Nicolas Dupont-Aignan, président du mouvement français Debout la République (DLR), en meeting à Paris le 13 avril 2014. (AFP - Pierre Andrieu)

«Tactique et stratégie»
Mais la présidente du Front national tente de ne pas élargir davantage la fracture en soulignant les convergences entre les deux partis. A ses yeux, Farage est «sans aucun doute un leader charismatique», avec un message que «les gens ont envie d’entendre et qui est basé sur une lecture correcte de la situation». «Certes, nous avons nos différences, par exemple sur l’économie. (…) Mais je pense qu’il a quelque chose qu’il oublie, c’est la gravité de la situation dans laquelle se trouve notre continent», dit-elle. S’il le comprenait, «il soutiendrait l’alliance de tous les mouvements patriotiques et ne se perdrait pas dans des questions de tactique et de stratégie», ajoute-t-elle.

Quoiqu’il en soit, Ukip a préféré se rapprocher du mouvement Debout la République (DLR) de Nicolas Dupont-Aignan, crédité de 1,5 à 3% des intentions de vote. Les deux formations ont tenu un meeting commun à Paris le 13 avril. Nigel Farage a décrit DLR comme un «parti politique respectable, modéré, qui est sur la même ligne eurosceptique». On peut comprendre en creux que ce ne serait donc pas le cas du FN…

Commentaire du correspondant de la BBC à Paris, Hugh Schofield, sur son blog : dans cette affaire, Nigel «adopte sans aucubn doute une attitude politique intelligente. En dépit de tout ce que Marine Le Pen a fait pour dédiaboliser son parti, le FN porte un nom qui reste trop délicat à manipuler. Un baiser à Ukip serait pour ce dernier le baiser de la mort».

La présidente du Front National, Marine Le Pen, et le leader du Parti de la liberté (PVV) néerlandais, Geert Wilders, lors d'une conférence de presse à La Hague le 13 novembre 2013. (Reuters - Toussaint Kluiters - United Photos)

«Fondamentalistes musulmans»
Apparemment, tout le monde n’est pas du même avis. «Il y a des déclarations (du Front national) que je rejette évidemment, vis-à-vis desquelles Madame Le Pen a elle-même pris ses distances. Elle est la fille de son père, pas des propos de ce dernier. Je suis convaincu qu'il n'y a pas une once de racisme ou d'antisémitisme en elle», avait estimé en novembre le leader du PVV néerlandais, Geert Wilders. Une apparente allusion aux propos tenus dans le passé par Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz, «détail de l’Histoire».

Marine Le Pen s’est elle toujours défendue de tout antisémitisme : «Non seulement je ne suis pas antisémite, mais j’ai expliqué à mes compatriotes juifs que le mouvement le plus capable de les protéger est le Front national. Le plus grand risque aujourd’hui, c’est la montée de l’antisémitisme dans les banlieues, alimentée par les fondamentalistes musulmans» (cité par Courrier International en accès payant).

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