La tragégie de Bhopal et le combat des victimes
Ville de l’Etat central indien du Madhya Pradesh, Bhopal (diaporama) a été ravagée dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984 par un nuage de gaz toxique, à base de gaz moutarde, échappé des cheminées de l'usine de pesticides du groupe américain Union Carbide Corporation.
Le bilan des émanations toxiques a fait des dizaines de milliers de morts et de malades, juste après le drame et les années suivantes. Des milliers d’autres personnes sont mortes après avoir été exposées aux déchets toxiques (vidéo) laissés autour du site.
Des économies réalisées sur la sécurité
Si l’usine avait été pourvoyeuse d’emplois lors de son installation en 1978, déficitaire quatre ans plus tard, elle avait dû réduire ses effectifs et ses coûts. L’enquête a prouvé que les systèmes d’alerte étaient défaillants ou en réparation la nuit de la tragédie. Cinq fuites de gaz, ayant fait un mort et 47 blessés entre 1981 et 1983, n’avaient rien changé à la politique des dirigeants.
En rachetant Union Carbide pour quelque dix milliards de dollars, dix-sept ans après la catastrophe, Dow Chemical (qui a fait un bénéfice net au 1er trimestre 2012 de 412 millions de dollars) a toujours refusé d’assumer les conséquences de l’accident.
Un accord largement contesté
La multinationale, qui a ensuite abandonné l’usine, a estimé que l'accord passé en 1989 entre Union Carbide et le gouvernement indien avait effacé toute responsabilité. Union Carbide avait alors versé 470 millions de dollars à l’Etat pour indemniser les victimes en contrepartie de l’abandon des poursuites pénales à son encontre. L’indemnisation demandée au départ s’établissait à 3 milliards de dollars.
Les dernières compensations ont pris fin en 2004 après avoir été réparties de manière aléatoire, car le gouvernement a été incapable d’identifier correctement les victimes.
Les dirigeants ont échappé en grosse partie à la justice
Les militants d'associations de défense des victimes, qui ont vécu l’accord de 1989 comme une trahison, ont trouvé la pilule amère en juin 2010. Huit anciens dirigeants locaux, reconnus coupables de «mort par négligence», ont écopé de deux ans de prison et d’une amende de quelque 2.200 dollars lors d’une première condamnation dans ce dossier. Un jugement considéré comme une «insulte» pour les survivants.
Accusés d'homicide en 1987, ils avaient vu le chef d'accusation requalifié en «mort par négligence» en 1996.
Le souvenir de la tragédie s’invite aux JO de Londres
AFPTV, le 8 mai 2012
Les associations de défense des victimes refont parler d'elles
En 2012, elles ont décroché une maigre victoire en acculant Dow Chemical (lien en anglais), un des plus importants sponsors des Jeux Olympiques de Londres, à renoncer à afficher son logo sur le stade olympique.
Militants et victimes (lien en anglais) avaient déposé auprès de l'ambassade britannique à New Delhi une pétition de 20.000 signatures contre le parrainage de la multinationale, une requête non suivie d’effet. De son côté, le comité olympique indien avait été jusqu’à faire planer la menace d'un boycott des Jeux si rien ne bougeait.
Une nouvelle génération de victimes grandit à Bhopal
Aujourd’hui, les nappes phréatiques sont polluées par des métaux lourds (zinc, cuivre, plomb, nickel, mercure, dans des proportions largement supérieures à la norme), déposés sur le site durant les années d’exploitation d’Union Carbide. Les riverains sont malades et la dépollution n'avance pas.
John Sauven, directeur exécutif de Greenpeace au Royaume-Uni, selon qui «le sponsoring a terni l'image des jeux», a estimé qu’«il y a eu une rénovation formidable dans l'East End londonien, mais pas à Bhopal» !
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