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Royaume-Uni : l'absence de la reine Elizabeth pour le discours du trône marque "une espèce de régence du royaume", selon un biographe royal

Le prince Charles remplacera sa mère, Reine Elizabeth II, lors de la cérémonie d'ouverture du Parlement britannique mardi.

Article rédigé par franceinfo
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La reine Elizabeth II de Grande-Bretagne lit le discours de la reine sur le trône, lors de l'ouverture officielle du Parlement aux Chambres du Parlement à Londres, le 11 mai 2021. (CHRIS JACKSON / POOL / AFP)

La reine Elizabeth II sera absente mardi 10 mai pour le discours du trône au Parlement, rendez-vous solennel de la démocratie britannique, et sera remplacée par le prince Charles. Ce sera "une espèce de régence du royaume", a expliqué lundi 9 mai sur franceinfo Marc Roche, biographe royal et correspondant du Point à Londres. "De plus en plus le prince Charles va exercer les fonctions régaliennes de sa mère", souligne Marc Roche. Mais la reine n'abdiquera pas et "reste chef de l'État, et le restera jusqu'à son décès".

franceinfo : Comment faut-il interpréter cette absence très remarquée de la reine Elisabeth II à l'ouverture, mardi, de la session du Parlement britannique ?

Marc Roche : Visiblement, les problèmes de mobilité de la reine se sont aggravés, ce qui ne laisse présager rien de bon pour les célébrations du jubilé, les 70 ans de règne, au début du mois de juin. C'est l'événement le plus important de la session parlementaire. La reine lit le discours de politique générale qui est écrit par son Premier ministre. Mais surtout, c'est une grande procession royale. Et visiblement, elle n'est plus capable de la faire. Sans parler de l'arrivée en carrosse et du port de la Couronne. Donc cela veut dire très clairement la présence du prince Charles. Et de facto, on est dans une espèce de régence du royaume, bien que le terme soit banni à Buckingham Palace.

Est-ce que c'est une nouvelle étape, symbolique peut-être, dans le transfert progressif des tâches au prince Charles. Pourrait-il, plus rapidement que prévu, prendre sa place sur le trône ?

La reine Elizabeth II n'abdiquera jamais, à l'inverse des monarchies du continent, parce que c'est une femme croyante, qui a fait, lors de son couronnement, un serment religieux de servir son peuple jusqu'à sa mort. Ceci dit, elle est très consciente qu'elle ne peut plus exercer les fonctions de représentation et qu'elle doit déléguer, non seulement au prince Charles, mais également au prince William, deuxième dans l'ordre de succession. Le mot régence est totalement banni parce qu'il n'est prévu qu'en cas de maladie mentale et d'incapacité mentale du souverain. Cela ne s'est passé qu'une seule fois, entre 1811 et 1820, quand George III, devenu fou, c'est le régent, le futur George IV, qui a pris sa place, mais qui n'était toujours pas roi. Le système est très clair. De plus en plus le prince Charles va exercer les fonctions régaliennes de sa mère, mais elle reste chef de l'État et elle le restera jusqu'à son décès.

Est-ce qu'elle aurait le droit d'abdiquer ?

Elle a le droit absolument d'abdiquer. Mais elle ne devait pas devenir reine puisqu'elle n'était que la fille du deuxième fils de Georges V. L'abdication de son oncle Édouard VIII, en 1936, a précipité son destin puisqu'elle est devenue princesse héritière et puis reine en 1952. Elle est restée traumatisée de cette abdication qui, à ses yeux, a coûté la vie à son père, qui n'était pas préparé à régner et qui est mort d'un cancer très jeune. Elle est montée sur le trône dans des conditions difficiles, pas formée à la tâche et a dû apprendre sur le tas. Elle est déterminée à ne pas répéter l'exercice. Et le prince Charles devra attendre, ce qu'il a fait toute sa vie.

Comment, au Royaume-Uni, commente-t-on cette absence de la reine mardi, qui sera forcément très remarquée ?

Ça ne passe d'autant pas inaperçu que, ces derniers temps, il y a de nombreuses alertes concernant la santé et de très nombreuses annulations d'événements auxquels, traditionnellement, la reine assiste. Et toutes les interrogations à Londres portent sur le Jubilé. Cela fait quatre jours. La reine devrait, vu son état de santé, se déplacer en chaise roulante. Elle le refuse parce qu'elle estime que c'est indigne de sa charge. Et donc, la plus grande interrogation est de savoir, verra-t-on la reine ?

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