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Russie : les députés adoptent une loi contre la "propagande homosexuelle"

La Douma, la chambre basse du Parlement russe, a adopté en première lecture une proposition de loi controversée, qui punit la "propagande de l'homosexualité auprès de mineurs". Le texte a été massivement adopté, 388 voix pour, une contre et une abstention.
Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Sergei Karpukhin Reuters)

Toute la journée, des couples homosexuels avaient prévu de s'embrasser devant la Douma. Le "kiss-in" a rapidement tourné court. La police s'en est mêlée, a arrêté une vingtaine de personnes - peut-être pour les préserver de la vindicte populaire : des chrétiens orthodoxes s'étaient aussi donné rendez-vous sur place, pour lancer des oeufs et de la peinture sur les militants homosexuels.

Car c'est aujourd'hui que la Douma, la chambre basse du Parlement russe, examinait ce projet de loi controversé, qui punit tout acte public constituant une "propagande de l'homosexualité auprès de mineurs". En fait de controverse, le texte a été facilement adopté, en première lecture, 388 voix pour, une contre et une abstention.

Les opposants, militants des droits de l'Homme, craignent, eux, que la formulation imprécise de la loi ne permette de condamner des personnes qui manifestent pour les droits des homosexuels, ou des personnes qui se tiendraient par la main en public.

Novossibirsk et Saint-Pétersbourg en précurseurs

Le texte avait été déposé l'an dernier par le Parlement de la région de Novossibirsk, en Sibérie, qui l'a déjà adoptée au niveau local, et veut la généraliser à tout le pays. Saint-Pétersbourg, par exemple, lui a déjà emboîté le pas.

Selon le texte, une personne physique risque de 4.000 à 5000 roubles d'amende (100-125 euros), une personne dépositaire de l'autorité publique de 40.000 à 50.000 roubles (1.000-1.250 euros) et une entité juridique de 400.000 à 500.000 roubles (10.000-12.500 euros).

En introduction des débats vendredi, Sergueï Dorofeïev, député du parti au pouvoir Russie Unie, a déclaré qu'il fallait "protéger les mineurs des conséquences de l'homosexualité" , tout en assurant que le texte ne condamnait pas l'homosexualité en tant que telle. Ce qui n'est pas l'avis d'Elena Mizoulina, députée de Russie Juste (centre-gauche), qui a estimé que ce texte limitait "le droit des mineurs à se développer librement" et à choisir librement leur orientation sexuelle.

Les militants homosexuels sont très mal vus en Russie, où l'homosexualité a été considérée comme un crime jusqu'en 1993, et comme une maladie mentale jusqu'en 1999, bien après la chute du régime soviétique (1991).

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