"Montrer que nous existons" : ces Russes qui veulent aller à l'enterrement d'Alexeï Navalny malgré les menaces d'arrestations par la police
Plusieurs dizaines de membres des forces de l'ordre, dont des policiers antiémeute, ont déjà été déployés dans la zone. L'opposant russe Alexeï Navalny doit être enterré vendredi 1er mars à Moscou. L'opposant à Vladimir Poutine, mort le 16 février dans une colonie pénitentiaire russe de l'Arctique dans des circonstances qui restent obscures, doit auparavant avoir droit à une cérémonie d'adieu dans une église, à laquelle son équipe a appelé ses soutiens à participer malgré le risque d'arrestations par la police.
Depuis plusieurs jours déjà, la tension monte autour de l'église située à une vingtaine de km du Kremlin, dans le district où habitait Alexeï Navalny lorsqu'il se trouvait en liberté. Depuis la remise du corps d'Alexeï Navalny à sa mère samedi 24 février, l'équipe de l'opposant mort à 47 ans a cherché en vain une salle qui aurait pu accueillir le public pour un dernier hommage. Elle accuse les autorités de faire pression sur les gérants. Quelques heures encore avant l'enterrement, l'équipe d'Alexeï Navalny disait avoir toutes peines du monde à trouver un corbillard pour transférer le corps vers l'église : toutes les entreprises de pompes funèbres contactées refusaient de le transporter.
Hésitations
Nul ne sait vraiment dans quelles conditions vont se dérouler les obsèques : y aura-t-il du monde ? Quelle sera l'attitude des autorités à l'égard de ceux qui viendront aujourd'hui dans le quartier de Marino au sud de Moscou ? Taiysia est bien décidée à s'y rendre. "Bien sûr, je voudrais exprimer mes condoléances à la famille. Et je pense aussi qu'une telle manifestation est très importante : elle montre à l'autre partie de la société que nous existons", lance la jeune moscovite.
"Cela montre en fait combien il y a de personnes qui pensent la même chose et qui ne sont pas encore complètement terrorisées."
Taiysia, une habitante de Moscouà franceinfo
Cette incertitude qui fait hésiter certains, comme Dariya. "Nous savons que la police est déjà sur place. Qu'en tout état de cause, il peut y avoir des provocations et que des personnes seront arrêtées. J'ai encore des doutes et il est probable qu'à l'heure actuelle, je ne sois pas moralement prête à participer à une telle cérémonie", confie-t-elle pour sa part. "On peut s'attendre à des menaces et des persécutions très sévères", a confirmé sur franceinfo l'avocat français d'Alexeï Navalny, William Bourdon. Lors des hommages spontanés au moment de la mort de Alexeï Navalny, plus de 400 personnes avaient été interpellées.
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