Cet article date de plus de neuf ans.

Conflit en Ukraine : la Pologne en 1ère ligne

Tweet de Donald Tusk (le nouveau Président polonais du Conseil européen) la semaine dernière contre la tentation d’aller vers un apaisement des relations de l’UE avec les Russes. Absence de Vladimir Poutine lors des commémorations du 70ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz en Pologne. La position polonaise vis-à-vis du conflit entre l’Ukraine et la Russie, par Véronique Auger.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
 

On l’oublie souvent mais l’Ukraine et la Pologne possèdent 526 km de frontière commune. Soient 75 km de plus que celle qui sépare la France de l’Allemagne. Les Polonais et les Ukrainiens se sont battus entre novembre 1918 et juillet 1919.  C’est en partie par l’Ukraine que l’armée soviétique a envahi la Pologne en 1939. Et plus récemment, au moment de l’entrée de la Pologne dans l’Union européenne, ce sont des milliers d’Ukrainiens qui sont rentrés plus ou moins clandestinement par la frontière polonaise. A tel point que c’est là que Frontex a testé ses premiers barbelés, caméras infra-rouge et autres moyens de surveillance contre les clandestins qui tentaient de pénétrer dans le périmètre de l’Union européenne. Tout ce qui déstabilise cet immense voisin touche donc les Polonais, à plus forte raison quand ce sont les Russes qui sont derrière. Le massacre de Katyn, l’emprise de l’Union soviétique restent toujours profondément ancrés dans leur mémoire. Quelque soit la génération.
Les Polonais sont terriblement inquiets depuis les attaques menées par l’armée russe et par les rebelles ukrainiens manipulés par Vladimir Poutine. La sous-secrétaire d’état polonaise chargée des Affaires européennes était à Paris cette semaine. L’occasion de rappeler quelques vérités, vues de Varsovie. Je vous les livre :

-          Poutine estime que la chute de l’URSS a été la pire catastrophe du 20ème siècle.
-          La Russie n’est un empire qu’avec l’Ukraine
-          « Chicken is not a bird, Poland is not a foreign country » proverbe russe
-          Avant, l’ennemi des Russes c’étaient les USA. Aujourd’hui, c’est l’Ouest 
 
Les Polonais estiment qu'il ne faut pas abandonner les sanctions vis-à-vis de la Russie avant que Vladimir Poutine ne vienne vraiment à la table de négociation. Une situation qui peut durer longtemps.
Durant cette période, la crainte d’une attaque frontale de l’armée russe contre un état-membre de l’Union européenne n’est jamais à écarter d’un revers de main. Ainsi, de chaque côté des frontières baltes ou polonaises les troupes de l’OTAN sont en alerte maximale. La Suède et la Finlande, deux pays neutres, accroissent leur vigilance. Mais de l’avis des Polonais « Tout le monde exclut le scénario de la guerre. Celui de la guerre froide est plus réaliste. Comme du temps de la RFA et de la RDA on va vers une partition East and West Ukraine ».
Les Polonais continuent donc à croire au bien fondé de la méthode européenne : Sanctions contre les Russes d’un côté. Accord commercial signé entre Kiev et l’Union européenne de l’autre. Un accord qui ouvre les frontières des 28 aux produits ukrainiens sous réserve que le président Porochenko accélère la transformation du pays vers plus de transparence, moins de corruption et plus de démocratie. Seul souci de ce deal –et les Polonais en sont bien conscients- pour l’instant les exportations ukrainiennes vers l’Europe flambent mais les réformes, elles, sont quasiment au point mort.
 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.