Rébellion de Wagner : "Il s'agissait bien d'une tentative de coup d'Etat", estime une journaliste d'investigation russe
"Il s'agissait bien d'une tentative de coup d'État", affirme lundi 26 juin sur France Inter Ksenia Bolchakova, journaliste d'investigation russe et Prix Albert Londres 2022 pour son documentaire sur la milice Wagner à la suite de la révolte, finalement avortée, du groupe paramilitaire en Russie. Elle estime aussi qu'Evguéni Prigojine n'est pas parti en Biélorussie, comme l'accord trouvé avec le pouvoir russe l'imposait.
"Nous avons aujourd'hui des éléments qui prouvent la préméditation de cette action, développe Ksenia Bolchakova. Nous savons qu'Evguéni Prigojine essayait de faire des stocks d'armement depuis quelques mois." Pour la journaliste, le point de rupture et la prise de décision d'organiser une rébellion s'est faite "au moment où le ministère de la Défense décide de faire passer cette loi qui place sous tutelle toutes les compagnies militaires privées, y compris Wagner".
"C'était inadmissible pour Prigojine, qui ne voulait surtout pas se retrouver sous la tutelle" du ministre de la Défense Sergueï Choïgou et du chef d'état-major Valéri Guérassimov. "Il comptait sur un soutien de Vladimir Poutine, qu'il n'a pas eu, c'est là que se produit ce point de rupture", pour Ksenia Bolchakova.
"Ce qui va vraiment changer maintenant, c'est un durcissement du régime"
Quant à la volte-face d'Evguéni Prigojine, plusieurs explications sont possibles : "Nous savons qu'il y avait dans l'entourage de Poutine un certain nombre de traîtres, prêts à changer de bord et qui auraient encouragé Prigojine à passer à l'action", or "ils ne se sont pas manifesté". Au ministère de la Défense aussi, "les soutiens de Prigojine, qui le vendredi soir étaient de son côté ont tout d'un coup changé de camp et enregistré des vidéos appelant les combattants de Wagner à faire demi-tour". L'ultradroite russe s'est également détournée de Prigojine, selon Ksenia Bolchakova. En Russie, "ce qui va vraiment changer maintenant, c'est un durcissement du régime", estime-t-elle.
"L'opération anti-terroriste instaurée dans les grandes villes et notamment dans la capitale n'a pas été levée. Cela induit un certain nombre de possibilités pour les forces de l'ordre de mener des opérations qu'elles ne sont pas censées mener en temps normal."
Ksenia Bolchakova, journaliste d'investigation russeà France Inter
Evguéni Prigojine lui, "n'est pas en Biélorussie", affirme la journaliste : "On ne sait pas où il est, peut-être à Saint-Pétersbourg ou en vadrouille sur plusieurs bases, sûrement en Russie [...] vendredi soir je ne donnais pas cher de sa vie mais preuve en est qu'il est toujours vivant et que toutes les poursuites contre lui ont été abandonnées alors que 13 pilotes de l'armée russe ont été tués pendant ces 48 heures. Il a aussi toujours la main sur ses affaires africaines".
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