La flotte russe chez elle en Crimée
La Crimée. Pour les Français, le pays évoque l'expédition franco-britannique de 1854. La victoire de l'Alma et le pont du même nom à Paris, avec son célèbre zouave. Une opération militaire dont l'objectif était de casser l'influence russe vers le sud. Après un siège de onze mois de Sébastopol, l'affaire tournera au fiasco, et la Russie conservera sa place forte.
En fait, l’avancée de la Russie vers le sud remonte à Catherine II. A l’époque, il s’agit pour la tsarine d’ouvrir la route des mers chaudes et de réduire à néant ce qu’il reste de la puissance de l’Empire Ottoman.
Sébastopol doit permettre à l’escadre de la mer Noire, jusque-là «coincée» dans une mer d’Azov peu profonde et parsemée de bancs de sable, de disposer d’une base solide pour construire son hégémonie en mer Noire.
Et dès 1787, Sébastopol devient une forteresse et le restera jusqu’à nos jours. Pendant toute la Guerre froide, Sébastopol est le symbole de la puissance soviétique au sud. La 5e escadre soviétique, la fameuse flotte de Méditerranée, y était basée. Une stratégie qui n’a toujours pas bougé.
L'après URSS
La Russie de Eltsine ne veut pas lâcher sa flotte. En revanche, elle ne montre aucun intérêt territorial ni sur Sébastopol ni sur le reste de la Crimée. La presqu’île est administrativement ukrainienne depuis 1954 et le restera. Mais la population majoritairement russophone réclame, en 1991, d’être rattachée à la Russie.
La flotte est, quant à elle, partagée entre Ukraine et Russie. Un bail est signé, assurant aux Russes la jouissance de la rade jusqu’en 2017. En 2010, un accord entre Ianoukovitch et Medvedev prolonge le bail jusqu’en 2047, en échange d’une rente annuelle de 100 millions de dollars.
A Sébastopol, la Russie reste chez elle et les uniformes russes s’affichent ouvertement. Marins et retraités font largement vivre la ville. A cela s’ajoute ce qu’il reste du complexe militaro-industriel.
Aujourd’hui encore, Sébastopol est le port d’attache d’une part importante de la marine de guerre russe. Une dizaine de gros bâtiments y est présente dont le croiseur Moskova qui patrouillait le long des côtes syriennes. Le deuxième navire de commandement de type Mistral construit par la France y sera basé en 2015.
La Russie veut même agrandir sa base navale de Novorossirk, 300 km à l’est.
Décidemment, Moscou n'est pas prêt de lâcher la Crimée.
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