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La police tchétchène aux parents d’homosexuels: «Tuez-les ou on s’en occupe»

Les homosexuels sont devenus la cible des autorités en Tchétchénie. De nombreux cas de torture et d'arrestations ont été rapportés par la presse indépendante. Les associations appellent à une mobilisation internationale.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Capture d'écran France24 (DR)

Les témoignages recueillis par France24 sont glaçants. Les homosexuels tchétchènes sont arrêtés, battus, torturés. Ensuite, les policiers convoquent leurs proches. «Ils disent aux familles de tuer leur enfant. Ils disent : soit vous le faites, soit on s’en charge. Ils appellent ça : laver l’honneur par le sang», témoigne un homosexuel. Et certaines familles, selon lui, le font et enterrent leur enfant dans la forêt. «Si je rentre chez moi, c’est ma propre famille qui me tuera», dit-il.
 
Fin mars, une enquête du journal indépendant Novaïa Gazeta (lien en russe), révèle que les homosexuels sont devenus la cible des autorités en Tchétchénie, où l’homosexualité n’est pas criminalisée mais demeure taboue. Selon ce journal, une vague de persécution sans précédent s’est abattue contre les homosexuels. Les autorités locales ont arrêté plus de 100 homosexuels et incité leurs familles à les tuer pour «laver leur honneur» et des gays tchétchènes ayant fui à Moscou ont affirmé avoir été battus et détenus «dans une prison non-officielle».


 
«Le ciblage des hommes homosexuels constitue en réalité une nouvelle vague de répression d’un système brutal et violent : le passage à tabac et l’incarcération dans ces prisons secrètes constituent la peine universelle en Tchétchénie. De nombreuses sources, y compris au ministère de l’Intérieur, nous permettent d’affirmer qu’au moins trois hommes sont morts ces dernières semaines. Un premier en prison et les deux autres ont été tués par leur propre famille après avoir été livrés par la police», confie la journaliste russe Elena Milashina à Télérama.
 
Le président tchétchène Ramzan Kadyrov, reçu par Vladimir Poutine, nie en bloc : «Ce genre d’accusations infondées contre notre République arrive deux à trois fois par an. C’est ce à quoi nous avons à faire». Pour le Kremlin, «si les témoins sont anonymes, c’est que les faits n’existent pas».

 
La communauté internationale peine à se mobiliser. En visite à Moscou, mardi 2 mai 2017, la chancelière allemande Angela Merkel a demandé à son homologue russe «d’user de son influence». «J'ai aussi parlé de ce rapport très négatif sur ce qui arrive aux homosexuels en Tchétchénie et j'ai demandé au président qu'il use de son influence pour que les droits des minorités soient préservés», a-t-elle déclaré au cours d'une conférence de presse commune avec Vladimir Poutine à Sotchi, sur les bords de la mer Noire.

 

Près de 18 militants pour les droits de la communauté LGBT ont été arrêtés lundi à Saint-Pétersbourg, dans le nord-ouest de la Russie, alors qu'ils manifestaient contre la persécution d'homosexuels en Tchétchénie. Allongés sur le sol, le visage maculé de faux sang et le corps recouvert d'un drapeau aux couleurs de l'arc-en-ciel, symbole de la fierté homosexuelle, une vingtaine de personnes ont protesté sur l'avenue centrale de Saint-Pétersbourg contre les arrestations de gays en Tchétchénie, qui ont suscité une vague d'indignation à travers le monde.

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