Cet article date de plus de sept ans.

La Tchétchénie persécute sa population homosexuelle, obligée de fuir le pays

Une récente enquête du quotidien indépendant russe Novaia Gazeta dénonce les persécutions endurées par la population homosexuelle en Tchétchénie, pourchassée, et dont certains membres ont été placés dans des camps de détention secrets, torturés, puis exécutés. Une association a ouvert une ligne d'urgence pour les aider à fuir.

Article rédigé par franceinfo - Claude Bruillot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
A droite, Ramzan Kadyrov, l'homme fort du pays. (SAID TZARNAEV / SPUTNIK)

On connaissait les difficultés rencontrées par les communautés homosexuelles en Russie, pays où la législation durcit d’une façon générale leurs conditions d’existence. Dans une récente enquête, le quotidien indépendant russe Novaia Gazeta met cette fois l’accent sur les persécutions endurées par les homosexuel(le)s en Tchéchénie. Dans cette république du Caucase Nord, ils sont pourchassés, voire placés dans des camps de détention secrets. Novaia Gazeta, qui en a dénombré au moins deux, fait état de traitements dégradants, pouvant aller jusqu’à l’élimination de certains détenus. 

Pour ceux qui s’en sortent, la fuite ou le silence 

Combien d’arrestations, de tortures, de détentions secrètes, de meurtres ou de crimes d’honneur perpétrés par les familles des victimes ? Les chiffres sont impossibles à vérifier tant la crainte des représailles conduit le plus souvent les homosexuels en Tchétchénie à la fuite ou au silence, pour ceux qui s’en sortent.

>> A lire aussi : La Tchétchénie accusée d'arrêter et de torturer des homosexuels

 Une chose est certaine, l’enquête menée par Novaia Gazeta s’appuie sur des témoignages directs de familles de victimes. Tatiana Vinnichenko est permanente depuis dix ans au sein de l’organisation LGBT à Moscou et vient en aide aux homosexuel(le)s persécutés dans le Caucase nord. "Nous, explique-t-elle, dans la communauté gay et lesbienne, nous sommes mobilisés pour aider ces hommes et ces femmes à quitter cette région, devenue beaucoup trop dangereuse pour eux." "Les homosexuel(le)s qui sont partis de Tchétchénie sont aujourd’hui à l’abri de cette république, poursuit-elle, dans d’autres régions ou d’autres villes de Russie, comme Saint-Petersbourg. Certains sont partis d’eux-mêmes, ou ont été accueillis par des amis." 

En quelques jours, plus de trente appels sur la ligne d’urgence 

Les autorités tchétchènes et les instances religieuses à Grozny récusent totalement l’existence de prisons secrètes où seraient détenus des dizaines d’homosexuels locaux. Dans cette république musulmane où la pratique stricte de l’islam est encouragée vivement par le président Ramzan Kadyrov, numéro un indéboulonnable du pays, les députés locaux sont allés jusqu’à nier l’existence même de l’homosexualité en Tchétchénie.

On a ainsi entendu certains représentants ne pas hésiter à préciser que la police n’avait même pas à agir pour emprisonner les homosexuel(le)s puisque les familles elles-mêmes se chargeaient de les faire disparaître. LGBT Russie a créé une ligne d’appel d’urgence pour ceux ou celles qui, parmi la communauté homosexuelle tchétchène, se sentiraient en danger. En quelques jours, plus de trente appels ont été recueillis.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.