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Pétrole: la Russie concurrencée en Pologne par... l'Arabie Saoudite
La guerre des prix du pétrole bat son plein. Les cours de l’or noir se sont effondrés en un an. C’est dans ce contexte que l’on apprend que l'Arabie Saoudite a commencé à fournir du pétrole brut à la Pologne. Une mauvaise nouvelle pour Moscou qui perd un marché traditionnel au centre de l'Europe.
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«L'Arabie Saoudite a fait sa première incursion sur le marché polonais avec des livraisons effectuées via (le port de) Gdansk», sur la mer Baltique, a déclaré Igor Setchine, directeur du géant pétrolier public Rosneft, proche de Vladimir Poutine, lors d'une conférence d'investisseurs à Moscou. Selon une source intervenant sur les marchés du pétrole, au moins trois navires ont livré du pétrole saoudien à la Pologne, avec «un rabais exceptionnel» par rapport au prix du brut de l'Oural.
Pour Igor Setchine, Ryad pratique résolument le dumping, ce qui contribue aux variations des prix à l'échelle mondiale. «Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter une baisse de notre part de marché des approvisionnements», a déclaré Igor Setchine en évoquant une «bataille pour les marchés». Propos tenus alors que les revenus du pétrole constituent désormais moins de la moitié des recettes budgétaires de la Russie.
La Pologne veut «réduire sa dépendance avec la Russie»
«Cette affaire montre trois choses», nous explique Francis Perrin, directeur de la revue Pétrole et gaz arabes. «Pour la Russie, il y a la volonté de ne pas perdre de marchés, pour la Pologne, il y a l’idée de diversifier ses approvisionnements et réduire sa dépendance avec la Russie et pour l’Arabie Saoudite l’occasion d’augmenter ses débouchés», précise-t-il.
A cette nouvelle source de pétrole, il faut ajouter les informations sur l’inauguration d’un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) ce qui est «encore plus important» pour l’indépendance de la Pologne, précise Francis Perrin. Ce GNL est importé du Qatar, premier exportateur mondial de gaz.
Dans «ces nouvelles se mêlent des aspects économiques et commerciaux dans un contexte géostratégique tendu pour tous ces pays», note Francis Perrin qui note la baisse des prix de l’énergie mais aussi les tensions en Europe entre la Russie et ces ex-partenaires d’Europe de l’Est.
Les cours du brut pourraient encore baisser
L'intervenant des marchés pétroliers, cité par Reuters, qui a requis l'anonymat, a estimé que l'Arabie Saoudite cherchait à anticiper ce renforcement de la concurrence en ciblant de nouveaux marchés et en s'y assurant une présence durable. L'Arabie Saoudite, premier exportateur mondial de pétrole et membre le plus influent au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a refusé de réduire sa production, au contraire de la Russie, deuxième exportateur mondial mais qui n'appartient pas à l'Opep.
Les cours du pétrole, qui ont diminué de plus de moitié par rapport à leur dernier pic de juin 2014, dans un contexte d'offre excédentaire par rapport à la demande, pourraient encore baisser avec le retour de l’Iran sur le marché.
Les batailles commerciales entre producteurs risquent de continuer l'année prochaine (2016) dans le cadre d'une énergie pas chère car, selon Pierre Terzian, «il n’y a pas de rééquilibrage en perspective en 2016».
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