Guerre en Ukraine : près de 40% des Russes estiment que l'utilisation de l'arme nucléaire est "acceptable et moralement justifiée", d'après un sondage
En Russie, la menace de l'arme nucléaire plane toujours. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Serguei Ryabkov, a expliqué le week-end dernier que la reprise des essais nucléaires en Russie était une option sur la table. Moscou n'a plus réalisé d'essais nucléaires depuis 1990 mais, l'année dernière, le Kremlin est revenu sur sa ratification du traité les interdisant. Officiellement, il s'agit de s'aligner sur la position de Washington qui ne l'a jamais ratifié et, jusque-là, le Kremlin disait qu'il ne reprendrait les essais que si les Américains le faisaient.
En attendant, l'idée fait son chemin dans l'opinion russe. Un récent sondage effectué en Russie par un institut indépendant montre que près de 40% des Russes trouveraient justifié de frapper l'Ukraine au moyen d'une bombe nucléaire. Une proportion en hausse ces derniers mois.
"Les craintes se sont érodées"
Même s'il est classé agent de l'étranger et qu'il n'est pas en odeur de sainteté auprès du pouvoir, l'institut Levada continue d'effectuer des études d'opinion en Russie, les dernières pouvant être qualifiées d'indépendantes dans le pays. Elles traduisent une certaine radicalisation de la société russe. À la question : "Pensez-vous que l'utilisation d'armes nucléaires en Ukraine est justifiée ?", ils sont désormais 39% à répondre "oui". Et 11% pensent que c'est tout à fait justifié, quand 28% estiment que c'est plutôt justifié.
Ils sont encore un tout petit peu plus, 45%, à estimer que ce n'est pas acceptable, mais le camp du pronucléaire grossit, explique Alexey Levinson de l'institut Levada : "Les discours effrayant sur l'utilisation des armes nucléaires, que les dirigeants russes répètent, conduisent à une augmentation de la part de ceux qui pensent que c'est acceptable et moralement justifié. Les craintes qui précèdent l'utilisation de l'arme nucléaire se sont érodées sous l'influence de la propagande, et l'idée qu'il n'y a rien de mal à cela approche déjà les 40%." D'après ce même sondage, effectué régulièrement depuis le début de la guerre, le soutien au pouvoir russe est au plus haut : à 87%, c'est 24 points de plus qu'il y a trois ans.
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