Trump, Syrie, Ukraine : ce qu'il faut retenir de la conférence de presse de Vladimir Poutine
Vladimir Poutine a tenu, jeudi 19 décembre, sa traditionnelle conférence de presse annuelle. Cette longue séance de questions-réponses diffusée en direct, bien que soigneusement mise en scène, constitue l'une des rares occasions de poser des questions délicates au président russe pour les journalistes et citoyens du pays. L'émission a duré cette année près de 4 heures et demie et s'est achevée vers 16h40 (heure de Moscou). Le maître du Kremlin a abordé plusieurs sujets d'actualité, et voici ce que l'on peut en retenir.
Il aurait fallu attaquer "plus tôt" l'Ukraine
Près de trois ans après le début de l'offensive russe contre son voisin, Vladimir Poutine a déclaré qu'il aurait fallu lancé "plus tôt" l'invasion de l'Ukraine. Il a aussi assuré que la Russie était prête à un "dialogue" avec l'Ukraine, mais uniquement sur la base des "réalités du terrain", une façon de dire que son pays ne rendra pas les territoires conquis à l'Est. Il a rejeté toute trêve, qui permettrait à l'armée ukrainienne de "faire une pause" et de se réarmer.
Vladimir Poutine a également affiché sa confiance en estimant que la situation "changeait radicalement" sur le front ukrainien, où ses troupes progressent à un rythme inédit depuis les premiers mois de 2022. Mais il a admis ne pas savoir quand son armée parviendrait à chasser les forces ukrainiennes de la région russe de Koursk, où elles occupent toujours plusieurs centaines de kilomètres carrés malgré des tentatives des troupes russes, épaulées selon Kiev par des soldats nord-coréens, de les déloger. "Nous allons absolument les mettre en échec", a néanmoins assuré le président russe.
Les services spéciaux critiqués après l'attentat mortel contre un général
Sur le plan intérieur, le dirigeant russe a critiqué ses services spéciaux, qui n'ont pas pu empêcher l'assassinat mardi du général russe Igor Kirillov, tué dans une explosion à Moscou revendiquée par Kiev. "Cela signifie que nos services de renseignement laissent passer ces attaques. Ils ont laissé passer ces attaques, a admis le dirigeant. Nous ne devons pas permettre de telles failles." Sa mort dans le cœur de la capitale russe soulève des interrogations sur les protocoles de sécurité entourant les dirigeants russes et les personnalités importantes dans le pays, alors que Moscou est lourdement protégé depuis trois ans.
Le général Kirillov, sanctionné en octobre par Londres pour le déploiement présumé d'armes chimiques en Ukraine, est le plus haut responsable militaire russe connu à avoir été tué depuis le début de l'invasion russe en février 2022.
Vladimir Poutine "prêt" à rencontrer Donald Trump
A un mois de l'investiture de Donald Trump, Vladimir Poutine s'est dit prêt à le rencontrer "à n'importe quel moment". Le président américain élu a récemment appelé à un cessez-le-feu et des négociations entre l'Ukraine et la Russie. "Si nous rencontrons un jour le président élu Trump, je suis sûr que nous aurons beaucoup de choses à nous dire", a déclaré Vladimir Poutine, qui a précisé ne pas avoir parlé avec Donald Trump "depuis plus de quatre ans".
Le républicain, déjà président de 2017 à 2021, a maintes fois promis de ramener la paix en Ukraine "en 24 heures" et a appelé à un "cessez-le-feu immédiat" ainsi qu'à des pourparlers. Mais le flou qui entoure son plan suscite l'inquiétude de l'Ukraine et des pays européens.
La chute de l'allié syrien n'est pas une "défaite"
Le président russe a assuré que la chute de son allié Bachar al-Assad, le 8 décembre, n'était pas une "défaite" pour Moscou. Vladimir Poutine a affirmé n'avoir pas encore vu le président syrien déchu, qui a trouvé refuge en Russie avec sa famille, mais avoir "l'intention" de s'entretenir avec lui.
Il a aussi appelé Israël à retirer ses troupes du "territoire syrien", celles-ci ayant été déployées dans une zone tampon contrôlée par l'ONU séparant les deux pays sur le plateau du Golan. Le sort des deux bases militaires russes en Syrie, cruciales pour les opérations du Kremlin en Méditerranée, est en suspens.
L'inflation en Russie, un "signal préoccupant"
Vladimir Poutine a reconnu que l'inflation galopante en Russie, qui a accéléré en novembre à 8,9%, était un "signal préoccupant", s'attachant malgré tout à vanter une situation "stable" après près de trois ans de conflit en Ukraine et de sanctions occidentales. "Ce qui est désagréable et mauvais, c'est la hausse des prix. Mais j'espère que si les indicateurs macroéconomiques sont maintenus, nous pourrons y faire face", a-t-il ajouté.
L'inflation en Russie est notamment alimentée par l'explosion des dépenses militaires pour l'assaut en Ukraine, les effets des sanctions et des salaires en hausse, conséquence directe des pénuries de main-d'oeuvre sur le marché de l'emploi, les entreprises étant obligées de proposer des rémunérations attractives pour recruter. Ce rare aveu de Vladimir Poutine intervient à la veille d'une réunion très attendue de la Banque centrale de Russie (BCR) qui pourrait relever son taux directeur, déjà à un niveau record en vingt ans (21%).
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.