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Voïna, portraits d’artistes russes en révolutionnaires

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min

Contestataire, irrévérencieux, provoquant, terroriste, révolutionnaire, comique, choquant, radical, subversif, outrageant, autant de termes qui reviennent le plus souvent dans la bouche des admirateurs ou des détracteurs du collectif d'artistes activistes russes, Voïna.

Voïna qui signifie « Guerre » est fondé en 2007 par Oleg Vorotnikov et Natalia Sokol, étudiants en philosophie de l'Université d'État de Moscou.

Le groupe se revendique autant de l'art révolutionnaire russe des années 1920 que de l'actionnisme viennois, des décembristes russes ou encore des anarchistes européens d’aujourd’hui.

Ils pratiquent un art de rue conceptuel, militant et protestataire en lutte perpétuelle pour la liberté et contre toute forme de censure. « Nous avons déclaré la guerre à tout ce monde de l'art glamouro-fasciste qui produit des objets d'art morts…Nous nous battons pour mettre fin à la censure, à l’obscurantisme politique et social, et contre la droite réactionnaire russe » déclare, Alexeï Ploutser-Sarno, idéologue du groupe et webmaster de leur blog.

Leur but est de fédérer autour d’eux une jeunesse révoltée et insoumise au pouvoir politique russe. Dénonçant la politique fascisante de Poutine et Medvedev, leur souhait le plus cher, empêcher le retour à la présidence de Poutine.

Si ces artistes dérangent et que leurs actions sont souvent sujet à polémique, ils n’en restent pas moins indispensables. Leurs performances spectaculaires, non violentes - jamais personne n’a été blessé physiquement - sont toutes filmées, photographiées et immédiatement mises en ligne. Leurs armes restent avant tout l’humour, les cameras et la toile qui les a rendu célèbres.

Leur dernière action remonte au jour de l’an 2012. Le groupuscule a mis le feu à un camion de police en l'honneur des "prisonniers politiques".

Oleg Vorotnikov et sa femme Natalia Sokol vivent actuellement dans la clandestinité, visés par un mandat d’arrêt international. Un mouvement de solidarité nommé « Voïna wanted » et relayé sur le site « Free Voïna », s’est organisé pour défendre les artistes persécutés dans le monde entier.

Le 1er mai 2007 le jour de la fête du travail, des chats errants affamés sont jetés à l’intérieur d’un fastfood McDonald.

Le but était de souiller la nourriture. Les membres du collectif crient des slogans comme « Mort aux fastfoods »,
« Frappons la mondialisation grâce aux chats errants »,
« Non au fascisme planétaire ». ( REUTERS/Thomas Peter)
Le 24 août 2007, les activistes dressent une table dans un wagon du métro de Moscou pour célébrer les funérailles de leur ami, Dmitri Prigov.

Ce dernier, peintre, sculpteur, écrivain et poète est l'un des fondateurs et idéologue du conceptualisme russe. Son œuvre a toujours dénoncé l'idéologie soviétique. (REUTERS/Thomas Peter)
Pour dénoncer l'élection qu’il considère comme une mascarade, du nouveau président de la Fédération de Russie, Dmitri Medvedev, le groupe organise une orgie dans un musée le 28 février 2008.

« Le but de notre action était de rendre le droit de parole aux gens. Ça a suscité un immense scandale. Les gens ont enfin cessé de se taire, ils se sont mis à débattre, à discuter de cette présidentielle » déclare Vorotnikov. (REUTERS/Thomas Peter)
Le 2 juillet 2008, Oleg Vorotnikov enfile un uniforme de policier lors des répétions pour leur prochaine action.

Le lendemain, il enfile sur ce costume, une soutane et ainsi vêtu pillera un supermarché sans que personne n’ose intervenir. La police et les popes, inspirant une véritable peur en Russie, même les vigiles du magasin n'ont pas réagi. ( REUTERS/Thomas Peter)
Un des membres du collectif, habillé comme un travailleur immigré, mime une exécution capitale dans un supermarché, le 7 septembre 2008.D’autres membres déguisés en travestis se sont également pendus. 

Cette action dénonce la xénophobie et l’homophobie de Iouri Loujkov, le maire de Moscou, limogé le 28 septembre 2010. Les gay prides à Moscou sont violemment réprimées.

La pendaison est un hommage aux révolutionnaires russes, « les décembristes » pendus en 1826. (REUTERS/Thomas Peter)
Le 7 novembre 2008, le collectif artistique projette des lasers pour former une tête de pirate sur le bâtiment du Parlement russe (Maison Blanche).

Les membres ont ensuite escaladé la porte et pénétré à l’intérieur du bâtiment. Cette performance, célébrant le 120e anniversaire du leader anarchiste Nestor Makhno, voulait signifier que l’anarchie dénonce les politiques xénophobes et génocidaires. (Voïna (photo extraite d’une vidéo) )
Le 29 mai 2009, altercation entre les membres du groupe Voïna et la police lors du procès du commissaire d'exposition Andreï Eroféïév jugé pour incitation à la haine religieuse à cause de l'exposition Art interdit 2006.

A la fin de l’audience les membres du groupe donnent un concert punk à l’intérieur du tribunal et scandent des slogans dénonçant le système judiciaire russe. (REUTERS/Thomas Peter)
Le 14 juin 2010, devant le siège du FSB, successeur du KGB, un immense sexe masculin se dresse sur le pont mobile Liteïni, au centre de Saint-Pétersbourg.

	
	Cette action s’adressait directement au Premier ministre Poutine, ex-espion du KGB. 
	
	Cette performance a reçu le prix « Innovation 2011 » du ministère de la Culture, le 8 avril 2011. Les membres n’ont pas assisté à la cérémonie des résultats préférant offrir leur prix à un groupe de soutien aux prisonniers politiques. (Voïna )
Les artistes militants retournent plusieurs voitures de police le 16 septembre 2010 pour protester contre la corruption dans la police.

Leur action s’est déroulé près du Palais Mikhailovsky à Saint-Pétersbourg où après un coup d’Etat, l’empereur Paul Ier de Russie fut assassiné pour ses idées réformatrices, en 1801. 

Cette performance a valu la mise sous les verrous, pendant quatre mois, de deux membres de Voïna, Léonide Nicolaïev et Oleg Vorotnikov. (Voïna (photo extraite d’une vidéo) )
Le 1 mars 2011, une jeune activiste embrasse les "femmes grises", nom donné aux policières. 

Objectif de cette performance : aider la police à s'adapter à la réforme ordonnée par le président russe, Dmitri Medvedev. 

La police russe, au cœur de nombreux scandales, était appelée "militsia" depuis la révolution de 1917, mais avec cette nouvelle réforme, elle a retrouvé son ancien nom de "politsia". (Voïna (photo extraite d’une vidéo) )

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