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Reportage Séisme en Turquie : "Ils sont très surpris de nous voir ici", confient des secouristes arméniens près de l'épicentre de la catastrophe

Article rédigé par franceinfo - Marie-Pierre Vérot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les secouristes arméniens ont installé un drapeau sur leur tente. (MARIE-PIERRE VEROT / RADIOFRANCE / FRANCEINFO)
Face à la catastrophe, la frontière terrestre entre Ankara et Erevan a été ouverte pour la première fois en 30 ans, afin de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire. Des secouristes arméniens sont notamment arrivés pour prêter main forte aux Turcs.

C'est une vision très inhabituelle en Turquie. Un drapeau arménien rouge bleu et jaune flotte devant une tente à Adiyaman, non loin de l'épicentre du séisme. À l'intérieur de cet abri, on retrouve des secouristes arméniens venus de la capitale, Erevan.

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"Pour la plupart des Turcs, c'est incroyable, explique l'un des sauveteurs arméniens. Ils sont très surpris de nous voir ici, de voir notre drapeau et beaucoup viennent se prendre en photo devant." Et pour cause : après des années de tensions, il n'existe toujours pas de relations diplomatiques officielles. Pourtant, face à la catastrophe, dont le bilan provisoire dépasse désormais les 35 000 morts, pour la première fois depuis 30 ans, la frontière terrestre entre le pays et l'Arménie après le séisme.

Aram, l'un d'eux, confie qu'il n’oubliera jamais le choc qu’il a éprouvé en découvrant l’ampleur des destructions à Adiyaman. Des images sont alors revenues du puissant séisme de 1988 en Arménie. "J’étais enfant en 1988, se souvient-il. Mais c’est très très semblable au tremblement de terre de Spitak. Quand j’ai vu ces immeubles effondrés, cela m’a rappelé ces images anciennes, ces vidéos du séisme de Spitak."

Les secouristes arméniens tentent de retrouver des victimes parmi les décombres de ces immeubles effondrés d'Adiyaman, le 13 février 2023. (Marie-Pierre Vérot / Radio France)

Certains secouristes n'avaient jamais franchi la frontière

La plupart des secouristes arméniens venaient pour la première fois en Turquie et se disent soulagés de l’accueil chaleureux qui leur est réservé. Ce matin-là encore, ils sont en reconnaissance dans un quartier d’immeubles effondrés. Mustafa, un Turc sinistré, observe avec gratitude leur travail : "Bien sûr, certains malheurs passés causés par l’ignorance ont toujours un effet important. Ces Arméniens ont perdu des proches à cause de nous, nous avons perdu des proches à cause d’eux", glisse-t-il.

"Le fait que l’on s’unisse aujourd’hui en laissant tout cela dans le passé, c’est fantastique."

Mustapha, un Turc sinistré

à franceinfo

Les secouristes arméniens ne cachent pas leur émotion face à l’ampleur des destructions à Adiyaman. (Marie-Pierre Vérot / Radio France)

Une terre symbolique

Depuis leur arrivée, les secouristes arméniens ont aidé à sauver trois vies. Ils ont aussi sorti des corps des décombres d'Adiyaman. Mais ces terres du sud-est de la Turquie sont aussi une mémoire douloureuse pour les Arméniens. Elles furent le théâtre du génocide de 1915. Chacun y a une parcelle de son histoire. "Je voulais me rendre à Sivas, explique Aram. Disons que c’est la ville d’origine de mes grands-parents. D’après ce que je sais il n’y a pas de dégâts, mais je n’aurai pas le temps. Mais bien sûr que je veux y aller, c’est la terre de mes grands-parents."

Ce secouriste ne donnera pas plus de détails sur ces grands-parents et leur histoire. "Si vous venez en Arménie, dit-il, je vous raconterai cette histoire, mais pas ici, c’est une très très longue histoire."

Reportage de Marie-Pierre Vérot à Adiyaman, en Turquie

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