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Séisme en Turquie et en Syrie : un archéologue syrien en appelle à l’aide internationale pour sauver le patrimoine "avant qu'il ne soit trop tard"

L’Unesco a déjà commencé un travail de recensement des destructions patrimoniales en Syrie et en Turquie. Maamoun Abdulkarim, ancien directeur général des antiquités et des musées de Syrie, plaide pour "mettre la politique de côté".
Article rédigé par Julie Pietri
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une tour de la citadelle d'Alep en Syrie s'est effondrée lors du séisme du 6 février 2023. (- / AFP)

Depuis le tremblement de terre du 6 février qui a fait plus de 9 500 morts en Turquie et en Syrie, Maamoun Abdulkarim reçoit des photos au compte-gouttes sur son téléphone. L’archéologue, ex-directeur des antiquités et musées de Syrie, connu pour avoir sauvé de nombreuses œuvres, de 2012 à 2017, est affligé par ce "nouveau malheur qui touche son pays".  La guerre y a déjà causé de nombreuses destructions. Et désormais, la citadelle d’Alep, inscrite sur la liste du patrimoine mondial en péril, est abimée. En Turquie, une partie de la forteresse de Diyarbakir, classée au patrimoine mondial, s’est effondrée.

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Mais qui pour se préoccuper du patrimoine ? "Les gens cherchent leurs cadavres et leurs blessés. Qui peut être libre pour travailler à la conservation du patrimoine dans cette zone? Comment voulez-vous qu’on leur demande de l’aide ?", s'inquiète Maamoun Abdulkarim.

Une tour de la citadelle d’Alep s’est effondrée, des parties des murs défensifs se sont fissurées, le minaret de la mosquée ayyoubide, la façade de l'hospice ottoman et d'autres parties de la citadelle sont endommagés. Mais il y a aussi bien d’autres sites précieux en péril. Dans la province de Hama, dans le centre-ouest de la Syrie, des équipes archéologiques ont fait état de dégâts sur l'ancien château d'Al-Marqab, dans la ville de Banyas, ainsi que de la chute partielle de murs et d'une tour. Des façades historiques se sont également effondrées dans la ville de Hama. A Qadmous, une falaise rocheuse est tombée à proximité du château de la ville, dans la province de Tartous et des bâtiments résidentiels se sont effondrés dans l'enceinte du château. 

Les 700 villages anciens désertés du nord de la Syrie qu’on appelle les "villes mortes", témoignages des époques romaines et byzantines, sont également touchés. Une quarantaine d’entre eux est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. "Il faut qu’on bouge avant qu’il ne soit trop tard, appelle l’archéologue. Il y a peut-être des choses à sauver", Mais ses confrères en Syrie n’ont plus le budget pour faire ces évaluations, explique Maamoun Abdulkarim. Selon lui, la seule solution envisageable, actuellement, serait de recueillir rapidement des images par satellite. Il appelle au soutien de la communauté internationale. "C’est un patrimoine mondial. Il faut mettre la politique de côté."

Douze ans de guerre civile, de sanctions internationales... Autant de freins qui ralentissent aussi déjà énormément, aujourd’hui, l’arrivée de l’aide humanitaire.

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