Sept ex-prisonniers politiques cubains libérés par La Havane sont arrivés mardi en Espagne, 4 autres devraient suivre
Les sept opposants arrivés mardi dans la capitale espagnole sont les premiers dissidents libérés par La Havane dans le cadre d'un accord prévoyant une importante vague de libérations.
L'Eglise catholique, médiatrice dans ce dossier, avait annoncé mercredi dernier la libération de 52 opposants au total dans les 3 à 4 prochains mois.
Les prisonniers politiques élargis auront en outre la possibilité de quitter l'île communiste.
Après les sept anciens détenus arrivés à Madrid, "quatre autres vont arriver", a annoncé mardi le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos devant la Chambre des députés.
L'annonce de ces libérations avait été faite la semaine dernière durant sa visite à La Havane et lors d'une rencontre à trois avec le président Raul Castro et le cardinal Jaime Ortega.
M.Moratinos avait salué alors l'ouverture d'une "nouvelle étape" à Cuba en vue "de régler définitivement la question des prisonniers" politiques qui, à l'issue des libérations annoncées, seront encore une centaine.
Il avait indiqué que Madrid était disposé à accueillir les prisonniers à la condition qu'ils puissent revenir à Cuba quand ils le voudraient.
L'accord qui prévoit 52 libérations au total est le plus important élargissement de prisonniers politiques cubains depuis que Raul Castro a succédé à la tête du pouvoir à son frère Fidel il y a quatre ans. Ce dernier avait libéré en 1998 une centaine de détenus politiques peu après la visite historique du pape Jean Paul II à Cuba.
"L'Eglise a joué un rôle crucial pour dénouer cette crise. Elle a certes permis au gouvernement de se tirer d'une mauvaise passe, mais il y un dialogue d'entamé, une ouverture possible pour des changements" dans ce pays traversant une crise socio-économique, a estimé l'ancien détenu politique Oscar Espinosa.
L'opposant Farinas cesse sa grève de la faim
Dans la foulée, l'Eglise catholique de Cuba avait appelé l'opposant Guillermo Farinas, cyberjournaliste de 48 ans, à cesser sa grève de la faim, entamée en février au lendemain de la mort controversée du prisonnier de conscience Orlando Zapata, 42 ans, qui observait un jeûne de protestation.
Guillermo Farinas, qui réclamait la libération de 26 détenus malades, a répondu favorablement à cet appel puisqu'il a mis un terme jeudi dernier à 135 jours de grève de la faim après l'annonce de ces libérations prochaines.
Réactions internationales à l'accord
Jeudi dernier, l'Union Européenne s'est félicitée de ces libérations annoncées, en souhaitant "qu'elles soient mises en oeuvre rapidement" et qu'elles débouchent sur une libération de tous les prisonniers politiques cubains encore incarcérés (il en resterait une centaine après les 52 libérations).
L'Espagne, pays qui exerçait la présidence semestrielle de l'Union européenne jusqu'à fin juin, veut modifier la "Position commune" européenne, qui conditionne depuis 1996 le dialogue entre l'UE et Cuba au respect des droits de l'Homme et aux progrès de la démocratie sur l'île.
La France comme l'Italie ont qualifié de "significatif" le geste des autorités cubaines. Toutefois, a estimé un diplomate européen, "une telle annonce n'est pas en soi suffisante pour entraîner une révision profonde de notre politique" à l'égard de Cuba.
Aux Etats-Unis, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a salué pour sa part cette annonce "tardive, mais bienvenue". Les Etats-Unis exigent des réformes démocratiques à Cuba , île dirigée par un parti unique, pour envisager de lever leur embargo économique et financier, en vigueur depuis 48 ans.
L'organisation Amnesty International a déploré le délai imposé pour la libération de ceux qu'elle considère tous comme des prisonniers de conscience et réclamé leur élargissement "immédiat".
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