Shahram Amiri, le physicien nucléaire qui affirme avoir été enlevé par la CIA, est arrivé dans la nuit à Téhéran
Son retour n'éclaire cependant pas toutes les zones d'ombre de cette étrange affaire sur fond de tensions entre l'Iran et les Etats-Unis.
Shahram Amiri, chercheur de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, avait disparu en juin 2009 lors d'un pèlerinage à La Mecque.
"Alors que je me trouvais en pèlerinage à La Mecque, une voiture a proposé de m'emmener (...) Dès que je suis monté, un pistolet a été pointé sur moi. Là, on m'a drogué (...) On m'a transporté aux Etats-Unis par avion militaire."
Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat américaine, affirme de son côté qu'il s'est rendu de son plein gré aux Etats-Unis.
Arrivé dans la nuit à l'aéroport international Imam Khomeini de Téhéran, à bord d'un vol en provenance de Doha, le jeune scientifique de 32 ans a répété qu'il avait été enlevé et transféré aux Etats-Unis où, dit-il, on lui aurait promis 50 millions de dollars pour rester dans le pays et "répandre un tissu de mensonges" sur le programme nucléaire iranien.
"Les Américains voulaient que je dise avoir fait défection de mon plein gré pour m'utiliser et révéler de fausses informations sur le programme nucléaire de l'Iran", a-t-il dit.
Dans un article publié jeudi dans le Wall Street Journal, plusieurs responsables américains prétendent quant à eux, sous le sceau de l'anonymat, que le physicien iranien a été payé plus de cinq millions de dollars par la CIA pour fournir des informations sur le programme nucléaire de Téhéran.
Le chercheur a également déclaré qu'il ne travaillait même pas dans le nucléaire. "Je n'ai rien à avoir avec Natanz et Fordo (deux sites d'enrichissement =d'uranium, ndlr). C'était un jeu du gouvernement américain pour faire pression sur l'Iran (...) Je n'ai fait aucune recherche dans le domaine nucléaire. Je suis un simple chercheur travaillant dans une université ouverte à tous et où il n'y a aucun secret", a-t-il affirmé.
"J'ai été soumis à une intense pression psychologique de la part de la CIA (...) Le principal but de cet enlèvement était de créer les conditions d'un nouveau stratagème politique et psychologique contre l'Iran", a-t-il poursuivi.
Washington a immédiatement rejeté ces accusations. Selon le département d'Etat, le chercheur n'a pas été enlevé par des agents américains. "M. Amiri était aux Etats-Unis de son plein gré et il était libre de partir", a déclaré mardi la secrétaire américaine d'Etat Hillary Clinton.
En mars, la chaîne de télévision américaine ABC News affirmait qu'Amiri avait fait défection et qu'il coopérait avec la CIA, qui analyse les données susceptibles d'évaluer l'avancement du programme nucléaire iranien.
Sous couvert d'anonymat, un responsable américain a confirmé mercredi que Washington avait obtenu de lui des "informations utiles". Quant à son retour en Iran, il serait le résultat de pressions qu'auraient exercées les autorités iraniennes sur ses proches. "Nous avons eu de lui des informations utiles et les Iraniens ont obtenu Amiri. Demandez-vous qui gagne au change", a ajouté ce responsable.
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