"Story Killers" : le ministre délégué chargé de la Transition numérique dénonce "des mercenaires de la désinformation"
Le ministre délégué chargé de la Transition numérique Jean-Noël Barrot a dénoncé ce mercredi 15 février sur franceinfo "des mercenaires de la désinformation", après les révélations sur l'industrie de la désinformation par le projet "Story Killers", coordonné par Forbidden Stories, un collectif de journalistes dont Radio France fait partie.
Cette enquête révèle notamment que l'affaire visant le présentateur de BFMTV Rachid M'Barki, mis en cause pour des sujets ayant subi une influence extérieure, est liée à une vaste entreprise de désinformation pilotée par une officine israélienne. "Il faut évidemment adapter, comme nous le faisons depuis quelques années, notre corpus juridique pour faire face à cette menace", a-t-il ajouté.
franceinfo : Etes-vous surpris par l'ampleur qu'a pris ce problème ?
Jean-Noël Barrot : Si les faits sont avérés, il s'agit d'une manifestation de la manipulation à grande échelle à laquelle se livrent des mercenaires de la désinformation pour déstabiliser nos démocraties. Je veux d'abord saluer le rôle des journalistes de cette cellule d'enquête, et notamment les journalistes de Radio France, qui ont pris de nombreux risques pour faire éclater ce véritable scandale. Leur travail est évidemment essentiel.
Vous n'aviez pas idée que ça pouvait se produire ?
Ce sont des phénomènes qui ont pu se produire par le passé qui nous ont conduits à prendre un certain nombre de mesures pour protéger notre démocratie. Je pense à la loi de 2018 contre la manipulation de l'information qui a créé une procédure d'action judiciaire en référé pour faire cesser rapidement la circulation de fake news, notamment en période de campagne électorale.
Il y a également le code européen de lutte contre la désinformation qui a été signé l'été dernier par les grandes plateformes numériques, qui leur impose des normes d'autorégulation pour lutter contre la propagation des fake news.
Ces mesures ne méritent-elles pas d'être complétées car il reste visiblement des problèmes ?
Le travail se poursuit puisque cet automne, dans le cadre des sanctions prises contre les intérêts russes, les diffusions de Sputnik et RT France ont été interdites sur le territoire national. Nous agissons pour faire échec à ces tentatives de déstabilisation de nos démocraties.
Si l'on évoque ce qui semble s'être passé à BFMTV, comment surveiller le travail des journalistes tout en protégeant le secret des sources ?
Vous avez raison de le souligner. Toutes les mesures de protection que nous prenons doivent être en cohérence avec nos exigences fondamentales de liberté de la presse et de protection du travail des journalistes. C'est là l'un des grands mérites des journalistes de la cellule d'enquête que d'avoir fait ce travail d'investigation afin de dénoncer cette manipulation à grande échelle.
Faut-il recruter davantage de monde pour ces travaux de surveillance et de vigilance des réseaux ?
Il faut en tout cas permettre aux journalistes de pouvoir faire ce travail d'investigation et puis il faut évidemment adapter, comme nous le faisons depuis quelques années, notre corpus juridique pour faire face à cette menace.
En 2022, nous avons pris un règlement européen sur la liberté des médias, qui vise à la fois à protéger l'indépendance des médias mais qui offre aussi des garanties contre l'ingérence politique dans les décisions éditoriales, en essayant toujours de respecter un équilibre entre la lutte contre la désinformation et la préservation de la liberté de la presse.
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