Alban Mikoczy sur le soutien inconditionnel de Moscou à Damas
Comment peut-on expliquer la position inflexible de Moscou de soutien à la Syrie ou, du moins, son refus de parrainer toute tentative visant à amorcer un changement du régime?
Il existe trois raisons fondamentales : la Syrie est un allié traditionnel de la Russie et la doctrine russe c'est le respect de la parole donnée, quoi qu'il arrive. C'est la même situation avec la Biélorussie. D'autre part, les Russes n'ont pas pardonné aux Occidentaux la manière dont il ont agi au moment de la crise libyenne. Pour eux, ils ont outrepassé la résolution 1973 de l'ONU qui imposait une zone d'exclusion aérienne sans intervention étrangère. Les Russes s'étaient abstenus lors du vote alors qu'ils auraient pu mettre leur veto à l'opération.
Enfin, Moscou tient à veiller sur ses intérêts dans la région. La Russie possède une base militaire à Tartous, un port sur la côte méditerranéenne, et a des accords gaziers avec la Syrie. (Sans oublier des contrats de livraisons d'armes avec ce pays, ndlr). Actuellement, la Russie dispose de consultants militaires sur place, selon la terminologie en vigueur. On ne connaît pas précisément leur rôle.
Autre point à ne pas négliger, le conflit oppose des Alaouites, une branche dissidente du chiisme, à des Sunnites. Or, les musulmans habitant dans les républiques russes —15 à 20%— de la population au total sont des chiites.
Le troisième veto russe sur la Syrie à l'ONU
AFP, le 19 juillet 2012
Les Occidentaux, ainsi qu'une partie du monde arabe, affichent régulièrement l'intention de créer une zone tampon en Syrie pour protéger les réfugiés que la Turquie indique ne plus pouvoir accueilir. Est-ce que Moscou pourrait accepter un tel dessein?
Il serait très risqué de réaliser ce type d'intervention sans l'autorisation de Moscou. La Russie veut montrer qu'elle est la seule puissance à tenir tête à la première puissance occidentale.Son intransigeance dans le dossier syrien est une manière de traiter d'égal à égal avec les Etats-Unis.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, incarne la position du «niet» russe, comme le faisait Andreï Gromyko, son homologue soviétique, durant la période 1957-1985. Les autorités russes ne sont pas pour autant pour la guerre civile. Pour l'heure, elles ne sortiront pas de leur position.
Alors que rien n'a vraiment bougé au plan international depuis des mois, qu'elle évolution Moscou espère-t-il pour que l'horizon s'éclaircisse enfin dans ce dossier?
Moscou compte sur une réconciliation nationale avec les obédiences traditionnelles, qui formerait un gouvernement de salut public. Les Russes ont indiqué à plusieurs reprises que le gouvernement actuellement en place à Damas doit faire des réformes substantielles. Pour eux, le départ de Bachar al-Assad doit être l'aboutissement d'un processus de paix.
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