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Bachar al-Assad à Moscou : invité ou convoqué par Vladimir Poutine?

Bachar al Assad s'est rendu le soir du 20 octobre 2015 à Moscou pour rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine. Et le président syrien de faire l’apologie du chef du Kremlin «sans qui le terrorisme se serait répandu encore plus» au Moyen-Orient. Vladimir Poutine n’a pas eu un mot pour son homologue syrien.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Vladimir Poutine a reçu Bachar al-Assad le mardi 20 octobre 2015 à Moscou. (ALEXEY DRUZHININ / RIA NOVOSTI / AFP)

Visite ou convocation ? Les deux hommes se connaissent peu. La visite surprise du président Bachar al-Assad à Moscou est la première depuis le début du conflit en Syrie en 2011. Une visite qui a le mérite de mettre encore plus sous les projecteurs Vladimir Poutine. Le président syrien ne s'est pas montré avare en compliments à l'égard de son hôte : «Sans vos actions et vos décisions, le terrorisme qui se propage dans la région se serait répandu sur des territoires plus vastes encore.» Le président russe, en guerre contre «les terroristes» depuis trois semaines en Syrie, n’a pas boudé ces remerciements appuyés.


Ce n’est pas un hasard si le président syrien a choisi Moscou pour sa première sortie hors de son pays depuis le début de la guerre civile. Si le régime syrien ne s’est pas effondré en quatre ans de conflit, il le doit essentiellement au soutien inconditionnel de Vladimir Poutine. Les télévisions russes étaient conviées à filmer cette rencontre surprise. Pour de nombreux observateurs, la visite de travail ressemble plus à une convocation, le président russe ayant besoin d’afficher publiquement le soutien de Damas à sa campagne militaire dans la région.
 
Que peut négocier Bachar al-Assad face à Vladimir Poutine? Le président syrien n’est pas en position de force pour imposer ses choix. Il sait qu’il doit sa survie politique, voire physique, à son puissant allié. Son régime est sous perfusion économique et militaire russe. Son départ ou son maintien à la tête de la Syrie dépend de Moscou. Et Vladimir Poutine, avec son sens de la stratégie, avance ses pions sur plusieurs fronts : présence militaire russe pérenne au Moyen-Orient, ports sur la Méditerranée et retour comme partenaire incontournable dans la politique internationale. Le maître du Kremlin sait qu’après la guerre, il faudrait que la diplomatie reprenne le dessus. Le précédent ukrainien le conforte dans sa vision.

 
Quel est l’avenir de Bachar al-Assad ? Vladimir Poutine n’insiste que sur un point : si le président syrien doit quitter le pouvoir, il doit le faire dans des «conditions dignes». En termes moins diplomatiques, il est prêt à le sacrifier si les intérêts russes dans la région sont remis en cause. Mardi soir, après les remerciements appuyés de Bachar al-Assad, Vladimir Poutine n’a, lui, pas eu un mot pour son homologue. Il s’est contenté de saluer le peuple syrien qui résiste «presque tout seul». Et de souligner que l'armée de Damas avait, selon lui, récemment remporté d'importantes batailles. Comprendre que le métrite en revient à la Russie. Et donc à Poutine lui-même.

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