Chute de Bachar al-Assad : les Kurdes pris en étau entre les rebelles islamistes et les groupes armés pro-turcs
Un autre pays opère en ce moment sur le sol syrien : la Turquie. Les groupes armés qu'elle contrôle sur place profitent de la chute du régime de Bachar al-Assad pour frapper l'importante minorité kurde qui tient le nord-est de la Syrie. La municipalité de Manbij, ville à majorité kurde d'environ 500 000 habitants et située à 30 km seulement de la frontière turque, est particulièrement ciblée.
Les rebelles syriens - notamment les membres de l'Armée nationale, une coalition de différentes factions soutenus par Ankara - sont entrés à Manbij lundi 9 décembre. Une arrivée qu'ils ont d'ailleurs filmée.
Du point de vue des Turcs, la prise de Manbij est une opération de libération. L'agence de presse nationale Anadolu explique que la ville représentait "le plus grand nid de terroristes à l'ouest de l'Euphrate". Ankara, en guerre sur son sol contre les séparatistes Kurdes du PKK, veut aussi éliminer leur pendant syrien pour empêcher l'extension de la région autonome du Kurdistan, perçue par la Turquie comme une menace pour son intégrité territoriale.
Sur les réseaux sociaux, une autre vidéo montre des hommes, en armes, invectiver deux femmes faites prisonnières. Elles sont accroupies au sol, l'une d'elles est en treillis militaire, l'autre blessée au bras. On leur crie : "Êtes-vous arabe ou kurde ?"
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, au moins 26 combattants kurdes ont été abattus sur la seule journée de dimanche par les rebelles, qui disent contrôler désormais 80% de la région.
Inquiétude des Américains
Les États-Unis suivent cette situation avec inquiétude, car ils sont clairement du côté des Kurdes et disposent toujours de bases militaires dans la région de Manbij. C'est avec leur aide que les combattants du YPG, les Unités de protection du peuple, ont pu chasser l'État islamique de la région et qu'ils ont repris des territoires clés comme Kobané en 2015, Manbij en 2016, mais aussi Raqqa en 2017, la "capitale" autoproclamée de Daesh.
Or, aujourd'hui, les Kurdes et leurs alliés américains se retrouvent face à une partie de ceux qu'ils ont combattus et qui cherchent vengeance. Il y a en effet dans les rangs de l'armée nationale syrienne, accusée d'exécutions sommaires et de pillages en 2019 lors de sa précédente offensive contre les Kurdes, certains combattants soupçonnés d'avoir des liens directs avec Daesh.
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