Chute de Bachar al-Assad : les Syriennes craignent pour leurs libertés et "la place des femmes dans la société"

En Syrie, les minorités s'interrogent sur les réelles intentions des islamistes de HTS désormais au pouvoir. Les femmes notamment redoutent la généralisation d'un modèle rigoriste déjà présent à Idlib.
Article rédigé par franceinfo
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Des femmes dans un café de la ville de Homs, en Syrie, le 13 décembre 2024. (AAREF WATAD / AFP)

En Syrie, la prise de Damas par les rebelles de HTS a précipité la chute du régime de Bachar al-Assad. Depuis, les islamistes multiplient les discours rassurants et inclusifs mais cela ne suffit pas pour apaiser les inquiétudes des femmes, dont certaines ont déjà eu à faire à eux ces derniers jours dans les rues de Damas.

Une vidéo a fait le tour des réseaux sociaux, publiée par l'actrice syrienne, Iliana Saad. Elle y raconte comment un islamiste de HTS l'a interpellée à un barrage alors qu'elle marchait avec un ami. "Vous êtes trop libre", lui aurait dit l'homme, rapporte la jeune femme. Il lui aurait ensuite déclaré : "Vous êtes dans un État islamique, les femmes ne peuvent sortir qu'accompagnées de leurs frères ou de leurs maris."

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L'actrice est allée se plaindre auprès des nouvelles autorités qui ont interpellé l'islamiste en question pour le rappeler à l'ordre, mais cette histoire n'est pas un cas isolé. Plusieurs femmes affirment avoir subi les mêmes remarques ces derniers jours. Ce sujet est régulièrement abordé au sein de l'association féministe Nisan. "Ils nous testent", lance Lina, l'une des activistes de l'organisation, "je dis aux femmes de refuser ces pratiques contraires à nos valeurs."

"J'ai peur pour nos libertés, la liberté de choix."

Lina

à franceinfo

Toutes ces femmes qui débattent de l'avenir de la Syrie étaient résolument opposées au régime de Bachar al-Assad et refusent désormais le modèle en vigueur à Idlib, laboratoire du nouveau pouvoir. Dans cette région du nord-ouest du pays, les femmes portent le voile ou le niqab, la pratique de l'islam y est rigoriste, difficilement applicable à Damas, ville multiconfessionnelle et moins conservatrice.

Sur le qui-vive

"Il y a une grande peur de voir se réduire la place des femmes dans la société", témoigne Salma Sayad, directrice de l'association. "Je suis de Damas, je fais partie de la majorité sunnite, mais cette majorité ne veut pas d'extrémistes au pouvoir. J'ai porté le voile quand j'étais petite, je l'ai enlevé par la suite et il est impossible pour moi de le remettre", poursuit-elle.

"Si on impose le modèle de société qui existe à Idlib dans tout le reste du pays, c'est sûr, je quiterai la Syrie."

Salma Sayad

à franceinfo

En attendant les élections promises après cette période de transition, une révision de la Constitution est en cours. Elle doit permettre de clarifier la ligne idéologique choisie par les nouveaux maîtres du pays.

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