L'ONG Human Rights Watch confirme l'existence d'une fosse commune à Damas, après de possibles "crimes de masse" du régime Assad

L'ONG enquête depuis 2021 sur les exactions commises dans le quartier de Tadamon, où des dizaines de civils ont été exécutés sommairement.
Article rédigé par franceinfo
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Des habitants marchent dans les décombres à Tadamon, un quartier de Damas (Syrie), le 3 novembre 2018. (LOUAI BESHARA / AFP)

Depuis la chute de Bachar al-Assad, les révélations sur les crimes commis par son régime se succèdent. L'ONG Human Rights Watch (HRW) affirme, dans une enquête publiée mardi 17 décembre, avoir découvert une fosse commune à Tadamon, un quartier de Damas. "Les déclarations des habitants de ce quartier suggèrent que cette zone est une scène de crimes de masse et qu'elle a peut-être été le théâtre d'autres exécutions sommaires", rapporte l'organisation, qui attribue ces exactions aux "forces gouvernementales syriennes et aux milices affiliées".

Des chercheurs de HRW se sont rendus sur ce site les 11 et 12 décembre, après la prise du pouvoir par une coalition de rebelles syriens. Ils y ont "découvert des dizaines de restes humains", notamment "des dents et un crâne, une mâchoire, une main et des os du bassin, dans la terre et dans un sac récupéré par les habitants", à l'endroit d'un "massacre perpétré en avril 2013". "Des restes humains étaient également éparpillés sur le sol des bâtiments à côté de la fosse commune, ce qui conduit les chercheurs à conclure que d'autres personnes ont très probablement été tuées ou enterrées au même endroit", poursuit l'ONG.

"Les exécutions dans ce quartier étaient courantes"

HRW a identifié le lieu de cette fosse commune après avoir géolocalisé une vidéo montrant 11 personnes "abattues à bout portant et poussées dans la fosse creusée à la machine, aux côtés des corps de 13 autres personnes". Les exactions commises à Tadamon avaient été révélées en 2022 par deux chercheurs, qui avaient reçu une vidéo découverte par un membre d'une milice syrienne, relayée notamment par The Guardian. "Cette vidéo, filmée par les tueurs eux-mêmes, qui riaient en abattant leurs victimes, montre le profond mépris qu'affichait le gouvernement syrien à l'égard de la vie des gens", dénonce Hiba Zayadin, chercheuse pour HRW.

"Des habitants de Tadamon ont déclaré que les exécutions dans ce quartier étaient courantes, ajoute Human Rights Watch. Lors d'entretiens en 2022, ils ont décrit au moins dix autres cas d'exécutions sommaires entre août 2012 et janvier 2014, à Tadamon, Daraya, Moadamiya et dans les zones environnantes."

L'ONG demande à la communauté internationale et au gouvernement de transition syrien de "sécuriser et préserver les sites probables de crimes de masse en vue d'exhumations et d'enquêtes médico-légales coordonnées". Sans cela, "il existe un risque sérieux que des preuves requises pour la reddition de comptes soient perdues, met en garde Hiba Zayadin. Les proches des personnes si brutalement tuées ici méritent de savoir ce qui leur est arrivé."

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