"Nous attendons que cette période de transition prenne fin" : ces Syriens qui attendent de pied ferme l'ouverture politique promise par Ahmad al-Chareh
La communauté internationale demande des gages très rapidement aux nouvelles autorités syriennes, dont le passé d'islamistes radicaux inquiète à Paris, Berlin ou Washington. Elle veut des garanties avant de lever les sanctions qui visaient le régime de Bachar al-Assad et entravent l'économie. Certains s'impatientent de ne pas voir encore ce gouvernement inclusif promis par Ahmad al-Chareh, l'homme fort du pays. Mais des Syriens interrogés en ce début du mois de janvier 2025 comprennent qu'il faille un peu de temps.
Dès son arrivée aux commandes, Ahmad al-Chareh a reçu les représentants des différents cultes et confessions, promettant une conférence du dialogue national et un gouvernement intégrant la diversité syrienne. Mais il dirige le pays entouré de proches, uniquement des sunnites, et estime qu'organiser des élections pourrait prendre quatre ans.
"Malheureusement, toutes les choses pour faire des élections, pour avoir un Parlement réel, sont détruites en Syrie, déplore Youssef, interne en médecine, qui comprend la situation. Il y a eu des pays, comme l'Allemagne, qui étaient détruits après la Seconde Guerre mondiale, et ils ont fait un gouvernement et une Constitution. Mais en Syrie, tout a été détruit, la politique, le peuple..."
L'impatience d'une ouverture politique
Un peuple qui a encore du mal à croire à sa liberté retrouvée, cherche ses disparus, tente de survivre dans un pays dévasté et une économie en ruine. Alors l'élection n'est pas la priorité. En revanche, l'ouverture du gouvernement de transition, oui, pour ce jeune ouvrier chrétien. "Nous attendons que cette période de transition prenne fin. Ils ont parlé de trois mois, rappelle-t-il. Mais si c'est plus long, cela voudra dire qu'ils ne respectent pas leurs paroles. Et s'ils commencent ainsi en faisant l'opposé de ce qu'ils ont dit, ce sera très grave parce qu'ils perdront notre confiance."
Un nouveau cycle d'instabilité pourrait alors s'ouvrir. C'est bien la dernière chose dont a besoin la Syrie.
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