: Reportage "Aujourd'hui, les gens s'enrôlent parce qu'ils sont fiers de leur pays" : en Syrie, la police lance un grand recrutement pour tourner la page Assad
En Syrie, les nouveaux dirigeants commencent à réorganiser l'administration et les principaux services publics. L'un de leurs gros chantiers concerne la refonte de la police, extrêmement répressive sous l'ère Assad. Il est désormais nécessaire de recruter à tour de bras pour remplacer le personnel de l'ancien régime.
Devant les rebelles en treillis et kalachnikov, qui gardent l'entrée de l'académie de police, c'est un défilé permanent. "On vient demander si on peut intégrer la police. Je n'ai pas de diplômes, on va voir s'ils nous acceptent", explique l'un des candidats. "Le gars qui est là, il dit qu'on peut commencer la formation demain. Dans la police civile, ce n'est pas compliqué. On nous dit que c'est une affaire de cinq jours parce qu'ils ont besoin de beaucoup de monde !"
Le formulaire d'inscription circule sur les réseaux sociaux. Walid, jeune avocat, l'a déjà rempli. "Être officier, c'est mon rêve depuis que je suis petit. Mais sous Bachar, c'était le chaos : les pots-de-vin, le clientélisme… Les Alaouites étaient favorisés. Quand ils postulaient, ils étaient tout de suite pris. Alors que moi, on m'a demandé dix pièces d'or pour devenir officier !", se souvient-il.
"Aujourd'hui, je veux améliorer les choses, que ça se passe mieux que du temps d'Assad."
Walidà franceinfo
Le salaire annoncé est d'environ 250 euros par mois pour les grades les moins élevés, ce qui est plus que confortable, mais ce n'est pas notre motivation principale, assure Redouane. "Avant, les gens s'enrôlaient parce qu'ils n'avaient pas de travail, pas d'argent... Ils n'avaient pas d'autre choix s'ils voulaient avoir un petit salaire. Mais aujourd'hui, ils le font parce qu'ils veulent protéger et défendre le pays."
Au QG de la police de Damas, on jette tout ce qui rappelle l'ancien régime. Dans les bureaux, certains sont au travail, comme le commandant adjoint Mohamed Abdel Menhem. Ce colosse en djellaba, barbe fournie, derrière un immense bureau en marbre arrive d'Idlib, ville-laboratoire des rebelles islamistes. "On travaille 24 heures sur 24 pour rétablir la sécurité et la stabilité du pays, regagner la confiance des gens, être à leur service", promet-il.
Et il a une mission : rassurer. "Notre organisation est calquée sur les normes internationales. Au ministère de l'intérieur, par exemple, nos services de polices sont les mêmes qu'en France, aux Etats-Unis ou dans les grandes nations", assure le commandant adjoint. Mais les rebelles ont aussi promis de réactiver la police des mœurs, qui avait presque disparu sous Bachar.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.