Reportage "On rejette l'occupation" : en Syrie, les habitants du Golan inquiets de l'arrivée des Israéliens

Après l'incursion de forces israéliennes dans l'est plateau du Golan, la France a demandé à l'État hébreu de se retirer de cette zone tampon instaurée entre le pays et la Syrie.
Article rédigé par Thibault Lefèvre
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des véhicules de l'armée israléienne de retour sur le plateau du Golan, près du village druze de Madjal Shams, le 10 décembre 2024. (JALAA MAREY / AFP)

Est-ce un nouvel épisode dans les relations tumultueuses entre la France et Israël ? Paris a appelé, mercredi 11 décembre, l'État hébreu à se retirer de la zone tampon dans la région du Golan. Car c'est une des conséquences de la chute de Bachar Al-Assad en Syrie : Israël a déployé, pour la première fois depuis un demi-siècle, "pour des raisons de sécurité", des troupes dans cette zone tampon démilitarisée.

La zone, administrée par l'ONU, sépare, depuis 1974, la Syrie du Golan, annexé illégalement par l'État hébreu. Cette rupture unilatérale de l'accord de paix entre les deux pays inquiète les près de 25 000 Druzes du Golan qui vivent sous occupation mais se considèrent, pour la grande majorité d'entre eux, comme Syriens.

"Maintenant, ça appartient à la révolution"

Damas se trouve à une cinquantaine de kilomètres en contrebas de l'est du plateau du Golan, abandonné samedi par des soldats de Bachar al-Assad. Cette zone tampon est surveillée par plus d'un millier de casques bleus, mais la région est désormais en partie occupée par des parachutistes et des tanks israéliens. "Ils font ça en Cisjordanie, ils font ça à Gaza... Les Israéliens veulent toujours occuper plus de territoires", dénonce Yasser, un habitant. L'ouest du plateau annexé est, lui, occupé depuis plus de 40 ans par l'État hébreu.

"Il n'y a plus de troupes, alors les Israéliens sont arrivés."

Yasser, habitant du Golan

à franceinfo

Derrière une barrière de sécurité surplombée de barbelés, des habitants, comme Yasser, assistent impuissants aux mouvements de troupes : "On se trouve très exactement à côté de la ligne de cessez-le-feu. On voit les tanks partir d'ici et traverser la zone jusqu'à la partie syrienne. Vous voyez le bâtiment en haut de la colline, là-bas ? Juste à côté, c'est une base militaire. Ces deux dernières années, l'armée syrienne occupait cette base. Maintenant, ça appartient à la révolution."

"Nous sommes des Syriens"

Exilée sur les hauteurs de la petite ville de Majdal Shams, à la lisière de la zone tampon, la grande majorité des habitants regarde la télévision syrienne.

Saher avait 6 ans en 1967, quand les Israéliens se sont emparés du Golan et cinq ans de plus quand le clan Assad a pris le pouvoir en Syrie. "D'abord, nous sommes très heureux, on veut un État démocratique en Syrie, assure-t-il en préambule. Nous pensons que seule une démocratie peut permettre la libération du Golan par la négociation avec les Israéliens. Mais je ne pense pas que les Syriens accepteront l'idée que le Golan reste israélien. Ça ne se passera pas comme ça, nous sommes des Syriens. Il y a cinq villages ici qui appartiennent à la province syrienne d'Al Quneitra. On rejette l'occupation."

En début de semaine, Benyamin Netanyahou a affirmé que le Golan annexé sera israélien pour l'éternité. Son ministre des Affaires étrangères a, lui, précisé que l'avancée de l'armée dans la zone tampon était en revanche temporaire.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.