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L'Iran nouveau gendarme du Proche-Orient
Les conseillers militaires iraniens sont engagés contre Daech aux côtés des milices chiites irakiennes dans la bataille de Tikrit. L’Iran, principal soutien militaire de Bachar al-Assad, ne cesse d’avancer ses pions au Proche-Orient depuis la mort de Saddam Hussein. L' accord sur le nucléaire iranien en discussion à Genève pourrait consacrer l'Iran comme nouveau gendarme régional.
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«La phase d’exportation de la révolution islamique a ouvert un nouveau chapitre», affirmait le 11 mars 2015 le général Mohammad Ali Jafari, chef des Gardiens de la Révolution, cité par l’Agence Isna. Les pasdarans iraniens, aux cotés des milices chiites irakiennes, sont aujourd'hui aux avant-postes de la bataille contre Daech.
En dépit des sanctions économiques américaines, Téhéran est devenu le principal soutien des régimes syrien et irakien, fournissant armes et conseillers à Damas et Bagdad. Le Hezbollah libanais, parrainé par l’Iran, a contribué à la la survie du régime de Bachar al-Assad. L’Iran est également le bras financier de la contestation chiite au Bahreïn et des rebelles Houthis qui ont pris le pouvoir dans la capitale yéménite.
Le général iranien Ghassem Souleimani, chef de la force d'élite Qods (chargée des opérations extérieures), est présent à Tikrit, affirme l'Agence de presse iranienne Fars News. Depuis août 2014, le chef des pasdarans dirige les centaines de miliciens chiiites engagés au sol au côté de l'armée irakienne. «Le discret stratège iranien inconnu du grand public a servi en Syrie, au Liban et en Irak», affirme le journaliste de France 24 Wassim Nasr, spécialiste des mouvements djihadistes. Cet officer a dirigé sur place la reprise des villes irakiennes d'Armeli et Jurf al-Sakhr «grâce aux forces d'al-Qods», affirme la presse iranienne.
Le chef iranien des Gardiens de la Révolution à Tikrit
La présence du chef des pasdarans à Tikrit en dit long sur l’incurie des forces irakiennes. «L’armée irakienne est dans un tel état de décomposition que le patron des Gardiens de la Révolution a pris le commandement de l’offensive à Tikrit», témoigne le reporter et ancien otage Nicolas Hénin.
En attendant de pouvoir reconstruire une armée irakienne, seuls les peshmergas kurdes et les milices iraniennes semblent en mesure de combattre sur le terrain irakien. Les Gardiens de la révolution, créés en 1979 par l’Ayatollah Khomeiny, sont toujours considérés comme une organisation terroriste par les Etats-Unis. Mais Washington, qui ne veut pas envoyer de troupes sur le terrain, semble prêt «à s’allier avec le diable» pour abattre Daech.
Une tactique qui laisse perplexe les connaisseurs de la région. Les tribus sunnites de Tikrit (ancien fief de Saddam Hussein) souvent accusées de collusions avec les djihadistes d’EI, ne sont pas rassurés de voir des chiites iraniens ou irakiens «libérer» des villes sunnites. Une situation explosive qui risque de pousser les sunnites irakiens derrière daech et de faire basculer encore un peu plus la région dans un conflit confessionnel généralisé.
Nouveau gendarme de la région
Un chaos que les Américains, devenus autonomes en pétrole (de schiste) et occupés à contenir la Chine, n’ont plus la capacité ni les moyens de gérer. «De part son influence et sa présence, seul l'Iran peut apporter une certaine stabilité. Il est même incontournable», explique Karim Pakza, chercheur à l'IRIS.
L’accord sur le nucléaire iranien en discussion à Genève pourrait donner les clés du Proche-Orient à l'Iran, nouveau gendarme régional. Un renversement d’alliance qui panique l’Arabie Saoudite et les monarchies du Golfe, tentées de financer toujours plus les groupes sunnites combattants de la région.
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