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La marine russe face aux navires américains et français en Méditerranée

Le croiseur lance-missiles «Moskva» entre en Méditerranée. Destination les côtes orientales, là où se trouve la Syrie. Un symbole du retour sur la scène internationale de la marine russe qui a beaucoup pâti de la fin de l’URSS.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le croiseur russe lance-missiles «Moskwa». (Marine russe)

Le président Poutine a décidé de montrer sa force dans le dossier syrien. «Actuellement, un groupement de la marine russe a été constitué en mer Méditerranée. Il compte une dizaine de navires et un nombre non communiqué de sous-marins. C’est la première fois qu’un nombre de navires de guerre russes aussi important est présent en mer Méditerranée depuis l’escadre de la marine soviétique en décembre 1992», note la Voix de la Russie.

Ce n'est certes pas la Guerre froide, mais comme les Américains et les Français, les Russes ont décidé de faire savoir qu’ils sont présents en Méditerranée à l’heure où la tension monte autour de la Syrie. Un pays où Moscou dispose d'ailleurs de sa seule base navale à l’étranger, à Tartous. Une présence qui ne se veut pas agressive, selon Moscou : «La marine de guerre russe n'a pas l'intention de prendre part directement ou indirectement à un éventuel conflit dans la région», a affirmé le ministre russe de la Défense. «Nos navires de guerre sont une garantie pour la stabilité et la paix, ils tentent de prévenir une action militaire dans la région», a-t-il ajouté.

Le navire envoyé par Vladimir Poutine en Méditerranée est puissant. Le Moskva, 110 mètres de long, 680 marins, est doté de 10 tubes lance-torpilles de 533 mm et de missiles antinavires P-500 Bazalt de 550 km de portée.


Poutine relance la marine russe
Sur un plan politique, le président Poutine a toujours donné de l'importance à sa marine, mise à mal après la disparition de l'URSS. «Les Etats qui ne possèdent pas de flotte maritime sont comme celui qui ne possède qu’un bras, tandis que ceux qui possèdent une flotte en ont deux…», disait déjà Pierre Le Grand. 

«La marine a toujours été une arme de la politique étrangère d'un Etat. Tout pays ayant un littoral, qui plus est aussi large que la Russie, doit se préoccuper de la protection de ses côtes et prévenir tout acte hostile. Les deux escadres opérationnelles de l'URSS – en Méditerranée et dans l'océan Indien – ont été créées afin d'exercer une influence politique, pour soutenir certains Etats et en dissuader d'autres», expliquait l’amiral l’amiral Felix Gromov, commandant de la marine entre 1992 et 1997 dans un entretien à l’agence Novosti.

Il faut dire que la marine russe revient de loin. «L'effondrement de l'Union soviétique a infligé un préjudice trop important à la marine. La réduction du financement et la liquidation générale du complexe militaro-industriel en tant que système ont affecté l'aptitude opérationnelle de la flotte et concrètement le maintien de l'opérationnalité technique des navires», reconnaissait l’amiral. Résultat, Moscou a mis sur pieds un programme de développement s’étendant de 2013 à 2030. Le président Poutine a même demandé que la planification des constructions navales s’étendent sur les trente prochaines années. 

Preuve de ce renouveau, «Au cours de cette année (2013), la Marine russe adoptera 36 bâtiments, dont des navires de guerre, des patrouilleurs et des navires d'appui. C'est un cas sans précédent», a déclaré le commandant en chef adjoint de la Marine du pays, le contre-amiral Alexandre Fedotenkov.
 
La marine russe compte quelque 300 bâtiments et 146.000 hommes (voir infographie). Et si elle a «repris de la vigueur», selon le site Mer et Marine, «elle pâtit d'une perte de compétence évidente des chantiers russes», écrit Bernard Prézelin, auteur de Flottes de Combat. D'ailleurs, la marine russe a commandé des bâtiments à des chantiers navals français. Deux porte-hélicoptères de type Mistral dont les contrats ont été signés en 2011.

Malgré les investissements lancés par Moscou, les ambitiions maritimes de Vladimir Poutine se heurtent à l'absence d'un deuxième porte-avions. «Avec la mise en service de nouveaux appareils, bâtiments d’escorte et sous-marins, cet outil permettra à la flotte russe de recouvrer toutes les facettes de la puissance aéronavale», note Mer et Marine.

 


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