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La prison de Palmyre, un enfer pour les opposants au système Assad

La conquête de Palmyre par l’organisation de l’Etat Islamique a permis aux djihadistes de prendre également le contrôle de la prison la plus redoutable du régime syrien. Ancienne caserne française transformée en prison par Hafez al-Assad, père de l’actuel président contesté, elle a été un haut lieu de torture et un mouroir pour des milliers d’opposants au régime.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Vue aérienne de la prison de Palmyre (Google)

Le 26 juin 1980 le président Hafez al-Assad, en pleine crise avec la confrérie des Frères Musulmans syriens, échappe de justesse à deux grenades lancées en sa direction. Le lendemain, sous le commandement de Rifaat al-Assad, son frère, des membres des Brigades de Défense sont expédiés avant l’aube à la prison de Palmyre où ils vont se livrer à un véritable massacre.

Exécution collective de Frères Musulmans 
Dès sept heures du matin, près d’un millier de membres et de sympathisants de la confrérie vont être abattus à bout portant dans les dortoirs. Certains rassemblés à l’extérieur sous prétexte de leur libération le seront depuis des hélicoptères.
Hormis cet épisode d’exécution collective, la sinistre prison de Tadmor va servir jusqu’en 2001 de lieu de déshumanisation, de torture et d’extermination des opposants déclarés au pouvoir baasiste façon alaouite de la famille Assad.
 
Déshumanisation et tortures en tous genres
Des milliers de Syriens y seront humiliés quotidiennement : interdits quasiment de tout, ils ne devaient pas regarder leurs geôliers dans les yeux, devaient se faire cracher dans la bouche et subir toutes sortes de maltraitances visant à anéantir leur personnalité.

Les tortures physiques en tous genres y étaient également pratiquées : les détenus étaient insérés dans des pneus pour être bastonnés sur la plante des pieds ou suspendus au plafond pour être fouettés avec des câbles. Privés de papiers et crayons, les survivants s’efforçaient de mémoriser les noms, origines et dates de décès de ceux qui ne sortaient pas vivants de cet enfer.
 
La prison reprend du service avec le Printemps arabe
Officiellement fermée en 2001 pour redonner au régime un semblant de respectabilité, la prison de Palmyre sera rouverte en 2011 pour y traiter les insurgés du Printemps arabe parvenu de manière inattendue en Syrie.
Les récits d’au moins trois rescapés de cette «usine de la mort» ont été récemment publiés en français. Moustafa Khalifé réfugié à Paris raconte dans La coquille treize années de cauchemar éveillé à Palmyre.

Palmyre, un «Voyage dans l'inconnu»
Treize années également dans les prisons syriennes pour l’Arménien Aram Baraket, dont six de «métamorphose en insecte» à Tadmor. Réfugié en Suède, il a sous-titré son récit Voyage dans l’inconnu. Enfin, après un séjour de seize ans dans les prisons du régime, Yassin al Haj Saleh publie ses Récits d’une Syrie oubliée. Il réclame la transformation de la prison de Palmyre en musée pour la mémoire et pour que «cela ne se reproduise» pas.

A l’heure actuelle, même si ce bagne d’un autre âge est entre les mains du mouvement de l’Etat Islamique, son sort et celui de ses occupants est toujours inconnu.

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